Contre La sansure

POUR SA CRÉDIBILITÉ ET POUR NE PAS QUE DOUMBOUYA IMITE GOÏTA, LA CEDEAO DOIT SANCTIONNER LES PUTSCHISTES DE BAMAKO.

0

Pour le site d’information du Burkina Faso, lepays.bf (*), « la CEDEAO n’a pas d’autre choix que de faire preuve de fermeté à l’égard des putschistes de Bamako si elle ne veut pas perdre ce qui lui reste encore de crédit sur la scène internationale. Avec, comme conséquence immédiate, le risque de voir la junte au pouvoir à Conakry marcher sur les pas des tombeurs d’IBK pour le plus grand malheur de la démocratie et de l’Etat de droit dans son espace géographique« . Lisez…

PROLONGATION DE LA TRANSITION DE CINQ ANS AU MALI
Quand la junte défie la CEDEAO

Dix-huit mois ! C’est le temps qui avait été donné par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) aux tombeurs de Ibrahim Boubacar Kéita (IBK), pour conduire le Mali à des élections devant signer le retour du pays à l’ordre constitutionnel normal.

Seize mois après et à deux mois de l’échéance fixée à fin février 2022, en lieu et place d’une feuille de route devant conduire à des élections de sortie de transition, c’est une prolongation de cinq ans qui est présentée par Assimi Goïta et ses camarades au sortir d’Assises nationales dites de la refondation, largement boycottées par une bonne frange de la classe politique malienne, pour, disent-ils, réunir les meilleures conditions d’élections libres, transparentes, crédibles et acceptables par tous.

Si ce n’est pas une défiance à l’égard la CEDEAO, cela y ressemble fort. A moins qu’Assimi Goïta et ses camarades ne cherchent à se payer la tête d’une institution sous-régionale qui, en plus de jouer sa crédibilité, semble prendre à cœur son rôle de vigie de la démocratie dans un espace communautaire fort agité, et où le retour de la soldatesque au devant de la scène politique reste une menace permanente.

Cette proposition de prolongation de la transition jusqu’à cinq ans, ressemble à une provocation à l’endroit de la CEDEAO

D’autant qu’en plus de la suspension du pays suite au coup d’Etat d’août 2020 contre Kankélétigui, l’institution sous-régionale n’a pas hésité à prendre des sanctions individuelles contre des dirigeants de la transition en vue d’un retour rapide à un pouvoir civil à Bamako. C’est pourquoi cette proposition de prolongation de la transition jusqu’à cinq ans, ressemble à une provocation à l’endroit de la CEDEAO qui a suffisamment fait la preuve de son aversion des transitions militaires dans son espace communautaire.

Alors, on est curieux de savoir quelle sera sa réaction face à ce qui apparaît comme une « bravade » des militaires maliens que certains mêmes de leurs compatriotes accusent de jouer de ruse sous le couvert des Assises nationales pour prolonger leur bail à la tête de l’Etat. Et si les moyens de coercition ne manquent pas, on peut se demander de quelle nature ils pourraient être pour ne pas se retourner contre le peuple malien, en cas de durcissement de ton de la l’institution d’Ajuba. Et jusqu’où ira la CEDEAO ?

En tout cas, l’on n’imagine pas les conséquences d’un éventuel blocus économique contre un pays déjà fortement éprouvé par une double crise sécuritaire et sanitaire qui laisse à peine filtrer des éclaircies dans le quotidien des populations qui souffrent le martyre. C’est dire si dans la perspective des discussions avec la CEDEAO, Assimi Goïta et ses camarades gagneraient à ne pas braquer la communauté internationale contre le Mali. D’autant qu’au Mali même, des voix et pas des moindres commencent à s’élever contre la durée de cette prolongation.

La CEDEAO n’a pas d’autre choix que de faire preuve de fermeté à l’égard des putschistes de Bamako

Et dans les circonstances actuelles, un isolement du Mali sur la scène internationale, ferait plus de mal que de bien à ce pays qui, à l’instar de tous les autres pays du monde, ne saurait vivre en autarcie. C’est dire si quel que soit le degré de légitimité qu’il peut ressentir au sortir de ces assises nationales, il faudra, à Assimi Goïta, de la lucidité dans son action.

En cela, il devrait savoir tirer leçon de l’histoire de son propre pays où, de Moussa Traoré à Amadou Haya Sanogo, tous ses frères d’armes qui se sont, à un moment ou à un autre, présentés en autant de messies pour le pays, ont fini par sortir de l’histoire par une porte dérobée. Il importe donc pour lui de jouer franc jeu avec les Maliens, dans sa volonté d’apporter sa pierre à l’édification de la Nation. Il importe aussi et surtout pour lui de ne pas se livrer au dangereux jeu des petits calculs politiciens qui cachent souvent mal des intérêts purement égoïstes, et qui finissent bien souvent par rattraper leurs auteurs.

En tout état de cause, la CEDEAO n’a pas d’autre choix que de faire preuve de fermeté à l’égard des putschistes de Bamako si elle ne veut pas perdre ce qui lui reste encore de crédit sur la scène internationale. Avec, comme conséquence immédiate, le risque de voir la junte au pouvoir à Conakry marcher sur les pas des tombeurs d’IBK pour le plus grand malheur de la démocratie et de l’Etat de droit dans son espace géographique.

« Le Pays »
https://lepays.bf/prolongation-de-la-transition-de-cinq-ans-au-mali/

Le titre est de guinafnews.com

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

× Comment puis-je vous aider ?