Pour Mory Condé, « c’est un ensemble de questions qui seront soulevées pendant ces assises que le peuple répondra ».
C’est aujourd’hui que les Assises nationales vont démarrer. Selon le ministre de l’Administration et de la Décentralisation (MATD), Mory Condé, toutes les violences que le pays a connues depuis des décennies seront débattues autour de la table. Mais pour nombre d’acteurs politiques, « l’organisation de ce genre de forum n’est pas du ressort d’un gouvernement de transition, non élu. Que ces militaires créent les conditions d’un retour à l’ordre constitutionnel comme cela leur est demandé par la majorité des Guinéens« .
Rappelant que le CNRD, avait pris un engagement « de profiter de cette transition pour régler les problèmes et questions mémorielles », Mory Condé a indiqué que « ces assises nous permettront de mettre sur la table l’ensemble des problèmes que nous avons connus tout en se basant sur l’existant. Il y a un travail de fond qui avait été fait par des compatriotes guinéens. Sur la base de ce travail, les équipes organiseront ces assises sur l’ensemble du territoire (…) il reviendra au peuple de Guinée de demander est-ce qu’il est question par exemple d’institutionnaliser des journées de pardon national, est-ce qu’il est question que les personnes qui ont été victimes dans ce pays, de légiférer une loi par rapport à la législation. C’est un ensemble de questions qui seront soulevées pendant ces assises que le peuple répondra’’.
Pour un analyste politique, « le CNRD du Colonel Doumbouya a fini d’être pris en otage par ce qu’il est désormais convenu d’appeler des mains noires. C’est-à-dire des politiciens sans militants, des grandes gueules qui disent être des acteurs de la société civile, bref beaucoup de monde qui ne représente rien. Doumbouya et ses camarades pouvaient faire comme le Colonel Amadou Toumani Touré (A.T.T) du Mali, en 1992, qui a dégagé le pouvoir dictatorial du Général Moussa Traoré et mis le pays sur la voie du multipartisme et de l’alternance politique« .
Un autre commentateur estime qu’à entendre Mory Condé préciser « que dans chaque préfecture, c’est le Préfet (précisons que tous sont des forces militaires) qui va superviser, avec des personnes qui viendront pour animer des débats sur la santé et à l’issue des débats des recommandations seront formulées. Toutes les questions liées aux violences que le pays a connues, des personnes viendront animer des thématiques sur ces questions. En termes d’appui, au niveau national, il y a aura des acteurs de la société civile voire même des politiques qui iront dans les préfectures pour appuyer ces équipes au niveau préfectoral, on sent que rien de bon pour la démocratie ne sortira de ces assises voulues par les nouvelles autorités et non par le peuple« .
« Si le CNRD et son gouvernement s’étaient concentrés sur l’élaboration d’un chronogramme réaliste, en identifiant les institutions républicaines à mettre en place, en invitant la classe politique à l’adoption d’un programme de redressement économique que tout gouvernement élu devra continuer d’appliquer, ils auraient été soutenus. Mais là, on constate qu’ils veulent confisquer le pouvoir comme l’avaient fait Général Lansana Conté et son CMRN, avec l’appui des opportunistes« , poursuit ce commentateur.
Oumou BARRY