Comment sortir du bourbier ? Que faisons-nous pour que ça change?
» Une révolte sans engagement est stérile et vaine » disait un penseur.
Avant et après les indépendances, des hommes de lettres, des politiques, des artistes,… tous ont écrit, dénoncé et appelé à une prise de conscience collective. Mais hélas, le développement reste encore un luxe apparemment inaccessible pour l’Afrique au sud du Sahara. Pourtant, le développement ne doit pas être un privilège accordé à quelques pays.
Nous avons tout. Mais, nous manquons de tout. Nous avons faim dans l’abondance. Est-il besoin de rappeler que les ressources naturelles se sont données rendez-vous chez nous! L’or, le diamant, la bauxite, l’uranium, le pétrole etc. C’est incompréhensible, voire inadmissible de disposer de toutes ces richesses et tirer encore le diable par la queue. Je ne m’attarderai pas sur les lancinantes raisons exogènes et historiques invoquées par nombre de personnes pour justifier cette situation, la bonne question est de savoir comment sortir de ce bourbier ? Que faisons-nous pour que ça change? Loin d’avoir la prétention de trouver la solution magique, je pense qu’il y a des leviers à actionner.
1. Faut-il domestiquer la démocratie ?
La question de la gouvernance doit nous intéresser. Nous avons le choix d’opter pour une démocratie classique ou une « dictature éclairée » adossée sur des valeurs propres à nos sociétés.
Pour la première option, il est question d’établir des règles rigoureuses pour contraindre les gouvernants à exercer le pouvoir dans la redevabilité avec à la clé, la culture de l’alternance. Le landerneau politique doit être une synergie de compétences et de vertus.
Pour ce qui est de la seconde alternative, nous devons réfléchir sur comment instaurer un système démocratique qui concilie nos valeurs et les besoins de développement. Car, tout développement dépend de la volonté politique des dirigeants qui doivent avoir une vision et surtout veiller à la solidité des institutions de la République. L’exemple chinois doit nous inspirer.
Dans les années 50, la Chine avait le même niveau de développement, nous a-t-on dit, que l’Afrique. Aujourd’hui, elle est classée deuxième économie mondiale. C’est le résultat d’un long processus inspiré par leurs dirigeants, qui se solidifie au fil des années. Ils ont pu instaurer un système inamovible qui reste la boussole de tout dirigeant qui accède au pouvoir.
Pour impulser le développement, il faut un pouvoir fort. Un système dynamique et durable. Puisqu’en réalité, la démocratie, c’est des institutions fortes qui permettent à une société de se regrouper dans un consensus pour réaliser des objectifs de développement où chaque citoyen trouve son compte. Le début du développement a besoin d’un pouvoir fort, mais qui n’écrase pas le citoyen.
2. Il faut profiter de la démocratie du savoir.
Aujourd’hui, des firmes américaines et européennes délocalisent leurs filiales en Chine ou en Inde. Outre les avantages fiscaux, il y a des ressources humaines à bon marché. Grâce à la chaîne des valeurs, c’est du pain béni pour ces pays d’accueil qui jugulent le chômage et génèrent des profits.
En Afrique, nos tonnes de professeurs agrégés et de Docteurs, dispensent beaucoup plus des cours théoriques dans nos facultés que des recherches pour créer ou inventer. Résultats, peu de scientifiques et donc pas de création, d’invention ou d’acquisition de savoir-faire pratique. Il y a certes, quelques individualités, mais le défi est encore océanique. Le continent reste l’éternel pourvoyeur de matières premières au profit des pays du Nord. Il est temps d’inverser la tendance.
Sinon, un pays comme la Guinée, première réserve mondiale de bauxite, est incapable, après 60 ans d’indépendance, de transformer sur place ses matières premières. En quoi les australiens, chinois ou japonais nous dépassent en termes d’intelligence ? J’avoue que c’est une question qui taraude vraiment l’esprit.
Néanmoins, je suis heureux de constater que les dirigeants actuels de la Guinée par exemple, prennent conscience de la situation et posent des actes courageux face aux puissantes et redoutables sociétés minières qui pompent nos ressources.
3. Il faut financer la recherche pour percer le mystère du développement.
La culture de l’excellence doit se matérialiser par une politique rigoureuse de l’éducation, le financement de la recherche et surtout le transfert de compétences. Aujourd’hui, la technologie a démocratisé la science et la technique. Par exemple, les start-up éclosent sur le continent, les Gouvernements africains doivent mettre abondamment de l’argent pour booster « cette nouvelle espèce » prometteuse.
L’école doit désormais former des citoyens capables d’intérioriser la culture du développement. Il faut faire en sorte que dès le collège par exemple, que les apprenants puissent avoir des compétences techniques opérationnelles dans l’agriculture, les mines, la technologie, etc. Et que l’université soit véritablement sélective et un réservoir de scientifiques qui développent des compétences en liens avec nos réalités existentielles.
Boubacar Koyla DIALLO