Hier, lundi 30 octobre 2023, nous avons publié une tribune de Keamou Bogola Haba, coordinateur du FNDT. Et quelques après, nous avons entamé une conversation téléphonique qui devait se poursuivre après son repas. Malheureusement, étant certain que nos angles d’analyses ne sont plus les mêmes, depuis qu’il a préféré le CNRD aux forces vives, il a préféré ne pas continuer la conversation.
Celle-ci devait porter sur le dernier paragraphe de son texte : »N’est-il pas préférable cette fois-ci d’avoir une longue transition consensuelle refondatrice et réussie avec des moustiques qui piquent les éléphants qu’une transition bâclée porteuse d’une longue crise post-électorale avec des éléphants qui se battront à l’infini dans notre champ commun ? » Auparavant, il avait suggéré à « l’ensemble des acteurs de la transition guinéenne à rejoindre sans bruit de tamtam ou de tabala la table de dialogue pour rediscuter ensemble des termes de la présente transition y compris le chronogramme en tenant compte cette fois-ci de toutes les dimensions de réformes sociales, économiques et politiques nécessaires pour bâtir ensemble un agenda national commun non partisan aligné avec les objectifs des militaires pour la construction du soubassement durable d’une démocratie adaptée à notre contexte et non porteuse des germes de nouveaux coups d’Etat civils ou militaires après l’élection du prochain Président de la République. »
Telle que se déroule la transition sous le CNRD, celle-ci a tout l’air de s’éloigner de toutes les voies menant au retour à l’ordre constitutionnel comme les autorités guinéennes ont convenu avec la Cedeao, sans impliquer les forces vives guinéennes. Le CNRD, son gouvernement et son CNT, avec la complicité du médiateur de la Cedeao, plus préoccupé aux activités politiques de son pays (le Bénin) qu’à la crise guinéenne, ont imposé un chronogramme que le Colonel Doumbouya et ses conseillers semblent avoir mis aux oubliettes, surtout depuis le coup d’État du 26 juillet dernier au Niger.
Les forces vives guinéennes veulent bien participer au Cadre de dialogue. Mais le gouvernement et le CNRD sont-ils disposés à dialoguer sincèrement avec elles? Les autres acteurs politiques et sociaux qui sont proches du CNRD et du gouvernement, conscients qu’ils auront moins à gagner avec le respect du chronogramme, dont la fin est prévue le 31 décembre 2024, ne sont-ils pas ceux qui empoisonnent la transition?
Keamou Bogola Haba, qui suggère une « une longue transition consensuelle refondatrice et réussie » devrait réaliser que dans 14 mois, plus exactement le 31 décembre 2024, le CNRD aura passé trois mois plus que les 36 mois qu’avait recommandé le CNT de Dansa Kourouma, mais exactement les 39 mois qu’il demandait dès le départ… Ce qui fait trop pour une transition. Le coordinateur du FNDT doit comprendre qu’à défaut de réaliser le chronogramme de 24 mois, il devrait être question de réfléchir, dès maintenant, des mécanismes de remplacement de tous les acteurs de la transition, à commencer par le président de la transition, Colonel Mamadi Doumbouya, qui pourront prendre part aux élections communales, régionales et nationales.
Alors il faudrait que tout ce monde, autorités et leurs alliés d’un côté et forces vives de l’autre, se retrouve pour convenir des moyens de former une équipe de remplacement du CNRD dont le bilan, avec les dossiers de mauvaises gestions qui intéressent la CRIEF, semble être une somme de plusieurs milliards de francs guinéens détournés. Des sommes plus importantes que celles pour lesquels les anciens dignitaires du régime déchu le 05 septembre 2021 sont poursuivis. Des sommes plus importantes que celle de la vente d’Air Guinée…
Ibrahima Sory BALDÉ
Image de la UNE : archive tirée de l’interview accordée à RFI/France24 par Cellou Dalein Diallo le 11 mars 2022 (https://www.google.com/search q=cellou+dalein&sca_esv=577807614&tbm=isch&source=lnms&sa=X&ved=2ahUKEwjhqYyt7J2CAxVqU6QEHc-OBYcQ_AUoAnoECAEQBA&biw=1203&bih=542&dpr=1.6#imgrc=hnf-A9JmwVtqSM)