Contre La sansure

*23 Juillet 2024 – 23 Juillet 2025 : Un an d’exil, un an d’épreuve, un an de constance*

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Il y a un an jour pour jour, le journaliste et citoyen engagé que je suis, a été contraint de fuir sa propre patrie, non par choix, mais par nécessité vitale. Le 23 juillet 2024, à Kankan, une tentative de kidnapping orchestrée par les forces de l’ombre m’a poussé à prendre la route de l’exil. Un exil forcé, brutal, sans adieux, loin de mes enfants, de ma terre natale, de mon quotidien, de mes combats sur le sol guinéen.

Ce jour-là, j’ai traversé l’enfer sur des routes de poussière et d’angoisse, tel un fugitif dans son propre pays. Pendant cinq longs mois de clandestinité, j’ai vécu reclus dans le silence, loin des projecteurs, dans des villages oubliés, mais habités par la lumière de la solidarité et de l’hospitalité. Chaque instant était une prière, chaque souffle une victoire contre l’injustice.

Mon seul crime : avoir voulu dire la vérité, dénoncer les abus, défendre la justice, questionner une transition militaire bâtie sur le mensonge, la violence et la peur. Mon devoir de journaliste a été mon péché aux yeux de ceux qui, depuis le 5 septembre 2021, confisquent le destin de la Guinée au profit d’intérêts obscurs.

Mais cet exil, aussi douloureux soit-il, n’a pas étouffé ma voix. Il l’a portée plus loin. Il n’a pas affaibli ma foi. Il l’a fortifiée. Il n’a pas tué mon engagement. Il l’a sacralisé. J’appartiens à cette lignée d’intellectuels, de patriotes et d’hommes libres que les régimes successifs ont tenté de faire taire, mais que l’histoire a toujours réhabilités.

Aujourd’hui, je vis loin des miens, loin de mes repères, mais mon âme reste liée à la Guinée, à son peuple, à sa douleur, à son avenir. Je porte les cicatrices de l’exil comme des insignes de résistance. Car rien, ni la peur, ni les menaces, ni l’exil, ne me détournera de mon serment : celui de défendre la vérité, la démocratie, l’État de droit et l’intérêt général.

Un jour viendra où cette transition s’éteindra. Un jour viendra où les imposteurs tomberont et où l’espoir renaîtra. Un jour viendra où la Guinée, enfin libre, retrouvera sa dignité et ses valeurs.

À vous tous, qui me soutenez moralement dans l’ombre ou à visage découvert, je vous dis merci. Continuons, ensemble, à résister, à dénoncer, à bâtir une autre Guinée, plus juste, plus humaine, plus fraternelle.

Exilé, mais debout. Pour la vérité. Pour le peuple. Pour la patrie.

 

Mamoudou Babila KEÏTA 

Source: https://www.lejour.info/2025/07/24/23-juillet-2024-23-juillet-2025-un-an-dexil-un-an-depreuve-un-an-de-constance/

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