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Santé au Kenya : les raisons de la fuite des cerveaux

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Au Kenya, les jeunes diplômés sont nombreux à chercher du travail dans d’autres pays. Une fuite des cerveaux dont les causes sont multiples. Un jeune médecin témoigne.

Enfant, Harry Otieno a vu des médecins sauver la vie de son jeune frère dans leur village au Kenya. C’est à ce moment précis qu’il a su qu’il voulait devenir aussi médecin.

Mais après sept ans d’études – et plus de 21.000 euros de dettes d’études – son rêve semble toujours hors de portée.

Les rapports sur les diplômés en médecine qui sont au chômage jettent une ombre sur les dernières étapes de sa formation. Alors qu’il est en stage, Harry Otieno n’a pas été rémunéré depuis des mois.

« Parfois, on ne sait plus où donner de la tête, parce qu’on se demande ce qu’on va faire ensuite. S’ils ne peuvent pas vous payer pendant votre stage, quelles garanties avez-vous que quelqu’un pourra vous payer après votre stage ? », s’interroge-t-il alors que les statistiques suggèrent qu’il n’y a aucune garantie.

De nouvelles opportunités

Au Kenya, 4.000 médecins sont actuellement sans emploi ou sous-employés alors qu’on a besoin de leurs services.

Selon le syndicat des médecins du pays, il y a une grave pénurie de spécialistes et certains patients doivent attendre des mois avant d’être opérés.

Une infirmière prend la tension d'une patiente
Certains patients doivent attendre longtemps avant d’être pris en charge. Image : Caro/Trappe/picture alliance

 

Par ailleurs, à en croire le ministère de la Santé, neuf établissements sanitaires sur dix sont incapables de fournir des services ambulatoires de base. Une situation que déplore Harry Otieno.

Il estime que plus d’opportunités d’emploi devrait être offertaux jeunes médecins au Kenya, car le pays a « davantage besoin de médecins ».

Il précise par ailleurs que le Kenya est très loin des recommandations de l’OMS. »Nous sommes à un médecin pour 17.000 habitants, alors que l’OMS recommande que chaque pays ait un médecin pour 1.000 habitants », rappelle-t-il.

Les causes du problème

Le personnel médical attribue une grande partie du problème à la mauvaise gestion et à la corruption. Harry Otieno a, par exemple, entendu parler de diplômés en médecine qui devaient payer pour obtenir un emploi dans un hôpital et d’autres qui s’étaient vu imposer, comme condition d’embauche, des relations sexuelles avec des recruteurs.

Une situation qui a incité de nombreux médecins et autres membres du corps médical à quitter le Kenya.

Salle d'opération dans un centre de santé
De nombreux membres du secteur de la santé souhaitent partir alors que les besoins sont énorme su placeImage : Florence Majani/DW

 

Selon Harry Otieno, la fuite des cerveaux au Kenya ne se limite pas aux médecins et aux infirmières. « Beaucoup d’entre eux sont dans d’autres pays en développement. Bien sûr, nous avons besoin d’eux, nous avons de longues files d’attente, nous avons tellement de patients et très peu de médecins pour s’occuper d’eux. Mais en tant que médecin, vous devez aussi prendre soin de vous », explique-t-il.

Comme d’autres médecins en formation, Harry Otieno envisage maintenant d’aller travailler à l’étranger. L’une de ses options est l’Allemagne, qui offre désormais des opportunités aux jeunes Kényans bien formés comme lui.

« J’aimerais rendre à la communauté qui m’a élevé ce qu’elle m’a donné. C’est pourquoi je préfère travailler ici », assure le jeune homme qui déplore toutefois que « les circonstances ou les conditions ne sont pas vraiment saines ou acceptables pour beaucoup d’entre nous. J’ai l’impression que si j’ai une opportunité, disons en Allemagne, bien sûr que j’irai m’occuper des gens là-bas. »

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