Interdiction de certains diplômes étrangers au Nigéria : « Je me sens trompé, j’ai perdu mon temps et l’argent de mes parents »
Le Nigéria a annoncé que certains diplômes délivrés par des universités étrangères étaient faux. Cette décision affecte des milliers d’étudiants nigérians qui étudient au Bénin et au Togo.
« Je ne sais pas ce que l’avenir me réserve« , déclare Lydia Aduragbemi, une étudiante nigériane dont les rêves de carrière sont aujourd’hui en suspens après que son gouvernement a déclaré invalide le diplôme qu’elle avait obtenu dans une université étrangère.
En août, le ministre nigérian de l’éducation, le professeur Tahir Mamman, a annoncé que plus de 21 000 étudiants avaient été pris dans la crise des faux diplômes étrangers.
M. Mamman a indiqué que les certificats délivrés par un certain nombre d’universités du Bénin et du Togo entre 2019 et aujourd’hui seraient invalidés.
Il a précisé que seules cinq universités de la République du Bénin et trois du Togo ont reçu une accréditation et des certificats acceptables et que, par conséquent, les employés des secteurs public et privé qui possèdent des diplômes délivrés par les universités non approuvées verront leur emploi résilié.
Qu’est-ce qui a conduit à l’interdiction ?
Le gouvernement nigérian a pris cette décision après qu’une enquête sous couverture menée par un journaliste, Umar, qui a découvert une fabrique de faux certificats à l’Ecole Supérieure de Gestation et de Technologies (ESGT), un établissement d’enseignement supérieur de la République du Bénin, soit devenue virale.
Umar a révélé qu’il avait dépensé environ 600 000 N (214 453 FCFA) pour obtenir une licence en sciences de cet établissement en six semaines.
Son enquête a suscité une autre enquête indépendante du ministère de l’éducation du Nigeria, qui a découvert qu’un certain nombre d’universités béninoises approuvées par le gouvernement proposaient également de faux certificats pour des cours non approuvés.
M. Godwin Odimoko, secrétaire général des Nigérians de la diaspora, en République du Bénin (Queme / Plateau), a confirmé à la BBC que les cinq universités du Bénin acceptées par le ministère nigérian de l’éducation sont les suivantes :
- Universitè D’ Abomey-Calavi,
- Université De Parakou,
- Université Nationale Des Sciences, Technologist Ingenieve Et Mathematiques,
- Université Nationale D’Agriculture et
- l’Université Africaine de Développement Coopératif.
Il a précisé que cette interdiction avait affecté près de 65% des étudiants nigérians inscrits dans plus de 90 universités de la République du Bénin.
Que s’est-il passé auparavant ?
Ce n’est pas la première fois que les organismes éducatifs nigérians s’inquiètent des faux certificats délivrés par des établissements à l’étranger.
En 2019, le professeur Abubakar Rasheed Adamu, alors secrétaire exécutif de la Commission nationale des universités (NUC) du Nigéria, avait mis en garde les futurs étudiants contre les faux diplômes de la République du Bénin.
Il a également déclaré que la commission avait trouvé de faux établissements d’enseignement supérieur dans d’autres pays africains qui délivraient des doctorats à des étudiants nigérians en moins d’un an pour environ 3 000 NG. (1105,93 FCFA)
En mars 2021, le National Youth Service Corps (NYSC) a rayé huit universités de sa liste, dont cinq de la République du Bénin, interdisant à leurs diplômés de participer au programme d’orientation de l’année.
En août 2021, la Commission universitaire du Nigéria (NUC) déclare que l’Université des sciences appliquées et de la gestion de Porto-Novo (Bénin) et l’Université africaine pour le développement coopératif (AUCD) de Cotonou (Bénin) sont essentiellement de fausses universités et que les étudiants qui paient pour des services dans ces établissements ont peu de chances de recevoir un enseignement supérieur digne de ce nom.
Le ministère nigérian de l’éducation a déclaré que ces mesures n’avaient pas résolu le problème, car des Nigérians étudient toujours dans d’autres établissements non agréés au Bénin.
Qu’est-ce que cela signifie pour les étudiants concernés, les parents et les autorités universitaires ?
Lydia Aduragbemi, étudiante en gestion des ressources humaines dans l’une des universités non approuvées, a déclaré à la BBC qu’elle regrettait d’avoir étudié à l’étranger.
« Je me suis sentie trompée, anéantie et j’ai l’impression d’avoir perdu mon temps et l’argent de mes parents« , dit-elle. « Je ne sais même pas comment ma mère va faire face à cette situation. Elle pleurait quand elle m’a appelée pour me confirmer la nouvelle« , poursuit-elle.
« Je ne sais pas ce que l’avenir me réserve avec ce certificat invalide, alors que mes parents se sont endettés pour me former à l’étranger« , renchérit Lydia.
Bose Nwanchukwu, mère d’un des étudiants concernés, était en larmes lorsqu’elle a appris la nouvelle.
« J’ai l’impression d’avoir tout perdu après avoir dépensé toutes mes économies pour envoyer mon fils à l’étranger en vue d’un avenir meilleur« , dit-elle.
Le président des enseignants nigérians en République du Bénin, le Dr Gabriel Kona, a précisé que la coalition ne s’opposait pas aux efforts du gouvernement nigérian pour assainir le système éducatif au Bénin, au Togo et au Nigéria. Cependant, il a souligné que des individus innocents ne devraient pas être punis.
« La qualité de l’enseignement universitaire au Bénin et au Togo est comparable à celle du Nigéria et d’autres régions du monde« , affirme M. Kona.
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