Contre La sansure

Mandian Sidibé souhaite un soutien total et inconditionnel au CNRD. Ce qui est impossible, même en démocratie..

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Trente six (36) mois, c’est presqu’un mandat présidentiel au Ghana et Nigeria. C’est trop de temps pour une période de transition car, celle-ci, ne doit se consacrer qu’à l’implantation de véritables institutions favorables à l’ancrage définitif de la démocratie.

En Guinée, le CNT de Dr. Dansa Kourouma, que s’est fabriqué le CNRD du Colonel Doumbouya, s’est substitué aux forces vives guinéennes, en violation de l’article 77 de la Charte de la transition, pour proposer une piste de contournement, afin de valider un chronogramme de 36 mois, que Mandian Sidibé, un des thuriféraires des nouvelles autorités guinéennes, estime être « un délai, il est vrai, court de 36 mois« , en soulignant que « pour réussir ce travail herculéen, le CNRD aura besoin de l’appui de toute la société civile, des partis politiques dans leur ensemble et bien sûr celui de tous les Guinéens, hommes, femmes et jeunes, confessions religieuses et sages. La réussite de cette transition ne dépendra pas uniquement du CNRD mais de tous les Guinéens« .

Ce proche du CNRD et du Colonel Mamadi Doumbouya ne se rend-t-il pas compte que les conditions  nécessaires pour une transition réussie, qu’il a lui-même énumérées, ne sont pas réunies et ce, essentiellement parce que les propositions de l’essentiel des forces de la société civile et des partis politiques, qui ont la capacité de mobiliser ce qu’il appelle « tous les Guinéens, hommes, femmes et jeunes, confessions religieuses et sages« , sont rejetées par les nouvelles autorités ? Celles-ci, il est important de le souligner, ne veulent que de mise en place d’un cadre de dialogue inclusif permanent ?

Comme nombre d’autres proches du CNRD, Mandian Sidibé est obnubilé par sa nouvelle situation et n’arrive pas à constater que les actions pour lesquelles il luttait contre le pouvoir d’Alpha Condé sont en train d’être développées par Colonel Doumbouya et ses camarades civils et militaires. Il va même jusqu’à soutenir que « la classe politique, toutes tendances confondues, a l’occasion de se rattraper aux yeux des populations qui ont tendance à se méfier d’elle. Ces partis politiques sont en effet vus par la population comme des fauteurs de troubles au moment où le Peuple a besoin de sérénité et de paix« .

Poursuivant, Mandian Sidibé, Directeur de l’Office guinéen de publicité, une des plus riches entreprises publiques, indique néanmoins que ces partis politiques ont « un rôle à jouer au cours de ces 36 mois pour se réconcilier avec un peuple dont ils auront à demander la voie lors des différents scrutins à venir« , sans réaliser que le CNRD est en train de violer la Charte qu’il a imposée aux guinéens.

La transition du CNRD est mal partie.

 

Pour les forces politiques et sociales dans lesquelles se reconnaissent l’essentiel des guinéens, « la transition du CNRD est mal partie. La Guinée appartient à tous les Guinéens, non au gouvernement en place. Cette transition a besoin d’un nouveau souffle, à travers un cadre de dialogue véritable et permanent, dans lequel une place sera accordée à la communauté internationale, comme cela se fait au Mali actuellement ; comme cela s’est fait en 2007 sous Lansana Conté, sous les transitions de Moussa Dadis Camara et Sékouba Konaté, et de nombreuses années sous Alpha Condé« .

Le FNDC, le Forum des Forces sociales, le G58, le RPG a-e-c et ses alliés, c’est la quasi totalité des Guinéens. Chacune de ces entités propose une transition raisonnable de moins de 30 mois, ayant commencée le 5 septembre 2021. Et c’est ce que la CEDEAO, appuyée par l’Union africaine, les Nations Unies (les États-Unis en premier), l’Union européenne (La France en tête) propose.

Mandian Sidibé et les autres laudateurs du CNRD, qui veulent un soutien total et inconditionnel au CNRD,  vont-ils le comprendre ? Rien n’est moins sûr. Même en démocratie, cela est impossible, à plus forte raison sous ce système illégitime qui a pratiquement perdu la quasi totalité de ses soutiens.

Ibrahima Sory BALDÉ

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