Interdiction des manifestations : Kouyaté et consorts soutiennent la décision illégale et illégitime.
Lansana Kouyaté, un des doyens de la classe politique guinéenne, mais leader d’une formation (PEDN) avalée par le RPG a-e-c, lors du 1er mandat (Décembre 2010 à Octobre 2015) d’Alpha Condé, est maintenant confortablement installé dans les salons du CNRD du Colonel Doumbouya. Avec d’autres partis qui polluent le paysage sociopolitique guinéen, ils soutiennent les nouvelles autorités dans leur plan de confiscation du pouvoir.
Tout au long du règne d’Alpha Condé, Lansana Kouyaté, première personnalité à avoir dirigé une transition en Guinée (1er mars 2007 au 20 mai 2008), a pratiquement évité la destination Conakry. Période au cours de laquelle les guinéens se battaient contre les forces militaires et paramilitaires transformées en milice du pouvoir dictatorial. Aujourd’hui, son parti, le PEDN, qu’il a formé au lendemain de son limogeage, ne mobilise pas. Cela se constate lors des assemblées générales.
Pour un acteur politique, « c’est la raison pour laquelle il laisse comprendre qu’il est avec les militaires qui, selon lui, nous disent de rester dans nos sièges, les sièges sont faits pour ça. Acceptons la règle du jeu parce que le pays a besoin de calme et de tranquillité. Il dit ça en oubliant qu’il a marché avec la classe politique pour qu’il y ait des élections législatives ici en 2013. Mais quand il s’est rendu compte qu’il ne représente plus rien, il est parti. Maintenant son combat c’est empêcher Cellou Dalein ou Sidya de diriger ce pays. Ça manque de patriotisme, de culture démocratique« .
Poursuivant, cet acteur politique rappelle que « Lansana Kouyaté devrait se rappeler que ce sont les partis politiques, dont l’UFDG, le RPG, l’UFR et les forces sociales (plus de 20 mois avant la naissance de son PEDN) qui ont organisé des manifestations qui ont favorisé sa nomination comme Premier ministre par le Général Conté. Et puis, au lieu de travailler pour une bonne transition devant déboucher sur des élections démocratiques, il s’est plutôt investi pour trouver les moyens pouvant faire de lui un dauphin de Lansana Conté. Quand celui-ci l’a compris, il l’a dégagé de son poste. Si aujourd’hui on a ces problèmes sociopolitiques, à saveur ethnocentriste et régionaliste, lui Lansana Kouyaté doit reconnaître sa part de responsabilité. Car il y est pour beaucoup dans l’élection d’Alpha Condé et de cette politique d’ethnostratégie et du tout pour une région, la Haute-Guinée, pour ne pas la nommer« .
A l’Assemblée de l’UFDG, Kalémodou Yansané a souligné que leur parti « n’a jamais été demandeur ou organisateur de manifestations violentes. Nous avons toujours demandé des manifestations pacifiques et nous continuerons à demander les manifestations pacifiques lorsque tous les recours sont épuisés, si les autorités refusent les manifestations, nous garderons ces refus pour l’histoire« .
Néanmoins, il indique que « nous conseillons nos chers frères qui sont aujourd’hui au pouvoir, le CNRD, de nous prendre comme des amis sincères, des partenaires sincères. Nous ne caressons pas dans le sens du poil, nous disons la vérité. Nous avons applaudi le CNRD lorsque son président a dit qu’il y a eu trop de gabegie, que la justice était instrumentalisée, que la boussole sera celle de la justice et de droit. Aujourd’hui, nous constatons une déviation pour ne pas dire des dérives importantes. Ils sont obligés, en tant que partenaire objectif, de nous ramener à la raison, mais si le CNRD lui même qui a déclaré que (…) les manifestations sont interdites, il y a là une contradiction« .
Le CNRD et ses accompagnateurs vont-ils comprendre les messages envoyés par les forces vives ? Suivent-ils les actualités au Tchad et au Mali, gouvernés par des régimes militaires de transition, où des manifestations pacifiques ont été organisées ? Comme ils disent bénéficier d’un soutien populaire ne serait-il pas préférable de mobiliser leurs soutiens pour prouver la légitimité de leurs décisions, plutôt que d’empêcher les forces vives, avec lesquelles ils ne veulent pas avoir un cadre de dialogue permanent, d’organiser des manifestations pacifiques ?
Ce qui est sûr, c’est que les Kouyaté, Bah Oury, Faya Millimono, Ousmane Kaba et consort, en soutenant la décision du CNRD d’interdire les manifestations, donnent une caution pour valider une décision illégale et illégitime, car elle viole la charte de la transition. Est-ce parce qu’ils ont un adversaire commun : Cellou Dalein Diallo ?