« La seule façon de nous dissuader, c’est prendre un décret créant un cadre de dialogue permanent comme le demande le G58 » (R. Sow)
Au lendemain de l’assassinat du jeune Thierno Mamadou Diallo, qui était, selon des informations, dans un salon de coiffure, Rafy Sow, Président du PRP, parti politique membre de l’ANAD, a accordé un entretien à guinafnews.org
Bonjour Monsieur Sow. Hier, un les forces policières ont tiré sur la foule de protestataires contre la hausse des coûts du carburant. Un jeune garçon a été tué. Quel est votre commentaire ?
Rafy Sow: C’est très regrettable qu’on en soit à ça encore et encore. C’est par ce qu’il n’y a pas de volonté de mener des enquêtes et de traduire les hauteurs de ses crimes à la justice. Je me demande même que fais le procureur Wright ; car quand il s’agit des hommes politiques, il est très prompt à réagir… Après tout nous venons d’enregistrer la première victime de manifestations pacifiques de l’aire Mamadi Doumbouya et son gouvernement.
Guinafnews.org Croyez-vous que cette riposte musclé des troupes du CNRD est pour prévenir que le régime ne va pas tolérer les manifestations annoncées par les Forces vives, dont l’ANAD et le FNDC ?
Rafy Sow: La junte sait pertinemment que nous n’allons pas reculer. Car pendant les répressions du régime Alpha Condé, elle était là aux cotés du dictateur, et prenait part. Alors, si c’est pour nous dissuader de la sorte, c’est peine perdue. La seule façon de nous dissuader, c’est prendre un décret créant un cadre de dialogue permanent comme le demande le G58. Car nous sommes déterminés à prendre part dans l’exécution de cette transition.
Guinafnews.org De plus en plus d’observateurs estiment que la CRIEF est devenue un tribunal au service du CNRD et de ses alliés politiques. Qu’en pensez-vous au niveau de votre parti, le PRP, et à l’ANAD, alliance politique dirigée par Cellou Dalein Diallo, absent du pays depuis début mars dernier ?
Rafy Sow: Effectivement, nous sommes à même et avec certitude de croire que la CRIEF est instrumentalisée, à des fins politiques, par le CNRD, pour éliminer les leaders politiques les plus aptes à gagner les prochaines élections présidentielles.
Aujourd’hui, Mr Cellou Dalein Diallo est victime d’harcèlement judiciaire avec la casse de son domicile de Dixinn, sans processus judiciaire et sa convocation par rapport au dossier Air Guinée, qui date de 2001, alors qu’il y’a des dossiers plus frais, comme le projet coton ; l’affaire nabayagate et tous les dossiers de détournements et de corruption du régime Alpha Condé…
Alors, pour nous, c’est clair que la justice est de nouveau à la solde des autorités actuelles.
Guinafnews.org Certains membres de l’UFDG et même de partis adversaires estiment que Cellou Dalein Diallo ne devrait pas répondre à la convocation de la CRIEF. Qu’en pensez-vous ?
Rafy Sow: Cette décision revient à Mr Cellou Dalein. Et si j’ai des conseils à lui prodiguer, je le ferai en privé et en tête à tête. Merci pour votre compréhension en ce qui concerne cette délicate question.
Guinafnews.org . En fin de semaine, à Accra, se tiendra un sommet extraordinaire des dirigeants de la CEDEAO., au cours duquel des sanctions seront prises contre la Guinée, dont le Ministre des Finances a estimé récemment que la Guinée ayant sa propre Banque centrale et une façade maritime, contrairement au Mali et au Burkina Faso, lesdites sanctions seront moins efficaces. Avez-vous pensé à des sanctions adaptées pour les proposer à la CEDEAO ?
Rafy Sow: Non! Nous ne sommes pas dans l’optique de vouloir des sanctions économiques pour les pauvres populations de Guinée. Nous voulons que les autorités acceptent notre proposition de dialogue permanent pour une transition réussie.
Pour répondre à ce ministre, il est très facile de sanctionner la Guinée . Il suffit d’exclure la Guinée du système Swift bancaire ; de suspendre la Guinée de tous les projets financés par les institutions internationales ; d’imposer un embargo international contre toutes ventes de produits pétroliers et technologiques etcétéra. Il faut rappeler que juste les manifestations pacifiques suffisent à fortement ralentir et empêcher la mobilisation des revenus de l’état. Sans compter la possibilité rendre difficile la circulation des bateaux miniers.
Interview réalisée par I.S. BALDÉ et M. S. Fadi DIALLO