« Il est relativement facile d’identifier les hommes en uniforme qui font usage d’armes à feu pendant les manifestations… » (*)
Dans le dossier relatif à la mort du jeune Thierno Mamadou Diallo, le parquet général de Conakry a fait part de l’inculpation (mise en examen, comme on le dit ailleurs) et du placement en détention provisoire d’un homme en uniforme ainsi que du placement sous contrôle judiciaire de quatre autres.
La célérité avec laquelle l’enquête préliminaire a été menée et les conclusions auxquelles celle-ci a abouti ont surpris plus d’un. Mais au-delà de la surprise, l’issue de cette enquête révèle tout simplement qu’avec une certaine volonté, aucun des crimes enregistrés à l’occasion des manifestations sur la voie ne devrait rester impuni. Pour cause, il est relativement facile d’identifier les hommes en uniforme qui font usage d’armes à feu pendant les manifestations. Par ailleurs, l’argument selon lequel des manifestants tirent sur d’autres manifestants devient inopérant. Des armes létales sont bel et bien utilisées par des éléments des FDS pendant les opérations de maintien d’ordre.
Mais attention. Les personnes inculpées dans cette affaire sont présumées innocentes jusqu’à ce que leur culpabilité soit établie à l’issue d’un procès juste et équitable et à travers une décision définitive.
Si dans quelques semaines ou mois, ces inculpés étaient déclarés innocents, il ne faudrait pas conclure que la justice a mal jugé. C’est peut-être parce qu’il n’y a pas eu suffisamment de preuves pour que le juge les condamne. Or, comme on le dit, mieux vaut libérer mille coupables que de condamner un seul innocent et en cas de doute, celui-ci profite à la personne mise en cause.
Par ailleurs, la qualification » d’abstention délictueuse » retenue contre quatre des cinq inculpés n’est pas précise. L’abstention délictueuse est une notion générique qui regroupe un certain nombre d’infractions. Il serait plus utile d’indiquer clairement l’infraction qui leur est reprochée. Ce qui leur permettrait de bien organiser leur défense.
(*) Par Me Mohamed Traoré
Ancien Bâtonnier