Des guinéens ont poussé les choses au point d’institutionnaliser l’ethnocentrisme
Certains de nos compatriotes ont des manières assez singulières de percevoir et concevoir des choses qui sont pourtant essentielles à la vie de la nation. A titre d’exemple, des guinéens ont poussé les choses au point d’institutionnaliser l’ethnocentrisme.
Sous le régime défunt, des postes à responsabilité étaient réservés à certaines régions, correspondant à des communautés. L’ethnie a été toujours utilisée à des fins politico électoralistes dans notre pays avec un mépris total de la Constitution et autres lois de la République.
Les concepteurs et promoteurs de ces pratiques n’ont rien fait d’anormal aux yeux de certains guinéens, ils font de la politique, nous dit-on. Ces pratiques discriminatoires, illégales et malsaines sont maintenues et perpétuées même au plus haut sommet de l’Etat et on trouve cela normal.
Par contre, lorsqu’un citoyen hardi se lève et dénonce ces faits anticonstitutionnels, antidémocratiques et vecteurs de frustrations, de divisions et de stigmatisations, au lieu de le féliciter et l’encourager, on l’accuse d’être ethnique dans ses propos ! Entre celui qui conçoit un système ségrégationniste, discriminatoire et injuste, le met en pratique et le perpétue et celui-là qui le dénonce, qui est le coupable ?
Pour trouver une solution à un problème, il faut tout d’abord l’identifier en tant que problème, le nommer en termes clairs et poser ainsi le bon diagnostic avant de penser à sa résolution. Ce n’est pas en ignorant ou en faisant semblant d’ignorer les problèmes qui frappent à l’œil auxquels notre société est confronté que nous parviendrons à les résoudre.
Au départ, la traite des noirs s’appelait ‘’commerce triangulaire’’, la colonisation était enveloppée dans l’expression ‘’mission civilisatrice’’, le néocolonialisme se cache derrière l’appellation ‘’assistance technique’’ ou encore ‘’ajustement structurel’’.
Par ailleurs, des journalistes et hommes politiques évitent de dénoncer ces pratiques d’une telle gravité par peur d’être jugés ou critiqués par l’opinion. Cela prouve à suffisance que certains parmi eux font preuve de médiocrité tout en affichant leur appartenance à telle ou à telle autre tendance. Ces attitudes partisanes vont à l’encontre non seulement de la déontologie du métier mais aussi entravent la manifestation de la vérité si nécessaire à résolution des problèmes de la société et donc du progrès.
Au lieu de désavouer le criminel, on s’attaque à celui qui le découvre, le dénonce ou le désapprouve, c’est assez curieux.
Martin Luther King disait ceci : ‘’Le pire endroit de l’enfer est réservé pour ceux qui se taisent au moment des grandes crises morales’’.