Contre La sansure

Pour que la refondation soit effective…

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Lors d’une de ses sorties en marge du procès du massacre du 28 septembre 2009, le colonel Tiegboro Camara a révélé qu’environ 10 à 20% des malfrats arrêtés ces dernières années dans le cadre de la lutte contre la criminalité et le grand banditisme sont des militaires !

Cette sortie de ce haut officier de l’armée guinéenne qui a traqué les bandes qui terrorisent les citoyens depuis de longues années, vient confirmer ce que beaucoup de nos compatriotes dénoncent depuis longtemps. Les armes retrouvées souvent dans les mains des individus qui attaquent des domiciles privés, des convois sur les routes de l’intérieur du pays, des boutiques et des magasins sont des preuves éloquentes de ces allégations.

Les guinéens ne sont sécurité nulle part. Les cas de meurtres, de vols à mains armées, d’enlèvement, de séquestration et de pillage sont devenus presque le quotidien du guinéen. Cette préoccupation devenue nationale doit retenir l’attention des autorités de la transition. Elles doivent faire de ce problème l’une des priorités de la refondation en cours à l’instar de la lutte contre les détournements des ressources publiques.

Les agents des forces de défense et de sécurité indélicats cités plus haut doivent être identifiés et mis hors d’état de nuire dans les meilleurs délais pour que les guinéens retrouvent enfin le sommeil et la liberté de circuler et de rechercher le bonheur. Personne ne doit plus jamais vivre avec la peur au ventre. Notre armée doit subir un nettoyage systématique si nous voulons qu’elle soit au service du peuple et non de forces obscures qui peuvent parfois échapper au contrôle des autorités.

Le contrôle du port et de l’utilisation des armes au niveau de nos garnisons doivent être structurés et renforcés de façon à éviter que des armes de guerre ne se retrouvent dans les mains de ceux qui pourraient s’en servir contre celles et ceux qui les ont achetées de la sueur de leur front pour assurer leur sécurité.

Policiers armés intervenant lors des manifestations dans la commune de Ratoma où, très souvent les populations sont agressées chez elles.

L’évocation d’éléments incontrôlés dans l’armée ne date pas d’aujourd’hui et revient de plus en plus dans les débats publics. Cela devrait interpeler les autorités au plus haut niveau afin de faire l’état des lieux, et engager des actions urgentes pour trouver une solution définitive à ce fléau social.

Les tueries pendant les manifestations qui cristallisent les débats de nos jours sont la résultante de la légèreté et du manque de professionnalisme dans la gestion des troupes d’une part et celle des armes létales d’autre part. L’un des moyens les plus sûrs de mettre fin à ces tueries à répétition reste et demeure la sécurisation les armes. Il est inadmissible qu’on ait des difficultés à retrouver l’auteur des tirs à balles réelles alors que la hiérarchie militaire détient les traces des mouvements des armes à sa disposition. L’on comprend alors que la réforme des FDS au temps du régime défunt n’a pas fait les effets escomptés.

Des hommes en uniformes sont souvent repérés dans les lieux de vente et de consommation des stupéfiants. Certains n’y vont point pour lutter contre le phénomène mais pour s’en procurer et consommer. Tout le monde connait les conséquences néfastes des stupéfiants sur la raison humaine. Il devient alors évident qu’une personne ne jouissant pas de la plénitude de ses capacités mentales n’hésitera pas à utiliser son arme dans des situations où cela n’est ni urgent ni nécessaire et faire d’innocentes victimes.

Il ne suffit pas de débarrasser notre armée des mauvaises graines qui y sont aujourd’hui, il faut veiller désormais à ne recruter dans l’armée que des personnes qui jouissent de leurs aptitudes physiques et mentales et qui observent la discipline requise pour cette noble mission.

Enfin, les recrutements dans l’armée sur des bases régionalistes et ethniques sont sources de conflit dans un pays où les instincts identitaires et communautaristes prennent au fur et à mesure le dessus sur le sentiment d’appartenir à une nation unitaire et égalitaire. Lorsque la force se retrouve d’un seul côté, cela pourrait être à l’origine d’injustices et d’inégalités qui sont à leur tour source d’instabilité. La révision des critères de sélection, la standardisation et l’application stricte des nouvelles règles en la matière est un gage de justice, de paix et de stabilité pour le pays

Les autorités de la transition qui font de la refondation de l’Etat leur cheval de bataille doivent porter une attention singulière à cette autre préoccupation des citoyens. A moins qu’on n’utilise certaines mauvaises graines au sein de nos forces de défense et de sécurité pour faire le sale boulot.

Boubacar DIENG

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