Contre La sansure

Reprise des manifestations du FNDC : la question divise les acteurs sociaux

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Le Front national pour la défense de la constitution (FNDC) officiellement dissous par la junte a annoncé lundi 6 février 2023, la reprise des manifestations pacifique, dans le grand Conakry à partir du 16 février 2023. Le mouvement a formulé au total huit (8) revendications dont la libération immédiate de ses leaders incarcérés à la Maison centrale de Coronthie, depuis plusieurs mois sans jugement, mais cette annonce est diversement appréciée par les leaders d’opinions.

Selon le président de l’Alliance pour le changement et le progrès (ACP) et ancien député Ben Youssouf Keïta, cette manifestation n’a pas raison d’être. Il déclare avoir participé à toutes les manifestations politiques en Guinée de 2009 à 2020. L’ancien militant de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) pense qu’après tout ce temps, c’est le moment dit-il de prendre du recul, de faire des analyses et de tirer les leçons du passé.

« La leçon que nous avons tirée, ce que les manifestations de rue ne portent pas fruits dans le contexte actuel. Il faut changer de stratégie. S’il est vrai que la manifestation est un droit constitutionnel consacré par la charte de l’ONU, de l’UA, de la CEDEAO et de la transition actuelle, mais à des situations particulières, il faut avoir des attitudes particulières. En cette période de transition déjà actée par la CEDEAO qui dit qu’elle accepte deux ans de transition à partir de janvier 2023, moi je pense jusqu’en janvier 2026, il faut obligatoirement avoir une stabilité. Il faut avoir une trêve sociale pour qu’au début de l’année 2026, le prochain président démocratiquement élu de la Guinée s’installe confortablement », souhaite ce leader politique affirmant qu’il ne partage pas les revendications soulevées par le mouvement, dont il a longtemps appartenu : « je ne partage pas la manière d’agir maintenant. Moi, je crois que les manifestations de rue n’apportent pas grand-chose à cette lutte que nous sommes en train de mener en ce moment. »

Par contre les activistes des droits de l’Homme notamment Mamadou Kaly Diallo, responsable du bureau de Baïonnette intelligente estime qu’il n’y a pas une période propice ou non à l’exercice de liberté dans les conditions normales. Parce que la liberté de manifester est un droit constitutionnel.

« Aucune situation d’exception ou d’urgence ne devrait dans les conditions normales justifiées les violations des droits de l’Homme. Maintenant que nous savons la junte interdit systématiquement toute manifestation sur la voie publique, ce qui viol non seulement la charte du CNRD, mais aussi des engagements que la Guinée a librement et volontairement pris par rapport aux instruments de protection de droits de l’Homme », a expliqué cet activiste des droits de l’homme.

Si aujourd’hui le FNDC juge la situation conflictuelle et en appel à la manifestation, Kaly Diallo soutient qu’il est de la responsabilité des autorités de la transition de proposer un cadre de dialogue pour appeler les acteurs autour de la table afin d’aplanir les divergences : « Le défi, c’est d’aller à des manifestations purement pacifiques. Il faudrait qu’il ait une volonté politique réelle. (…) A chaque fois que les autorités par le passé disent ” nous avons autorisé les manifestations” les autorités envoient les forces de sécurité pour encadrer la manifestation, elles ont toujours connu moins de violences. Elles ont obéi aux normes d’une manifestation pacifique. Mais à chaque fois que les autorités ont posé un refus catégorique, cela se solde le plus souvent avec des affrontements entre manifestants et forces de sécurité. Donc des principes qui viols le maintien d’ordre », souligne l’activiste Kaly Diallo.

Il affirme d’ailleurs être content qu’il y a une initiative des autorités de la transition à saluer. C’est le jugement de l’adjudant-chef Mory Camara qui est accusé d’avoir tué le jeune Thierno Mamadou Diallo à l’occasion la manifestation suite à la hausse du prix du carburant à la pompe.

« Nous pensons que si une telle alternative est maintenue, c’est que cette culture d’impunité garantie aux forces de l’ordre pendant les manifestations sociopolitiques sera bannie et qu’il aura un respect de l’intégrité physique, de la personne humaine, du droit à la vie des citoyens qui exercent les libertés pendant les manifestations pacifiques », a-t-il conclu.

 

In https://www.guinee360.com/07/02/2023/reprise-des-manifestations-du-fndc-la-question-divise-les-acteurs-sociaux/

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