Le Juge Zoumanigui a auditionné le malade Kassory. Que va-t-il décider ?
Comme l’avait requis le procureur spécial de la CRIEF, Aly Touré, le juge Francis Kova Zoumanigui s’est déplacé à la Clinique Pasteur de Kaloum pour auditionner, dans la salle de réanimation, l’ancien premier ministre Ibrahima Kassory Fofana, emprisonné sans jugement depuis plus d’un an dans des conditions qui l’ont rendu très malade. Va-t-il bénéficier d’une libération lui permettant de se rendre à l’étranger pour des « soins appropriés », comme l’ont recommandé ses médecins traitants ?
Dans quel état s’est déroulé cette audition ? Me Dinah Sampil, un des avocats de Kassory Fofana explique : « nous avons assisté à l’exposé du médecin traitant sur son état de santé. Des questions ont été posées au malade et au médecin traitant. Ce qu’il faut retenir, Kassory Fofana est dans la salle de réanimation dû à la dégradation de son état de santé. A la lecture du monitoire, nous avons constaté que son rythme cardiaque est entre 89 et 95 par minutes. Ce qui est déjà assez grave. Parce que la limite normale est de 60 à 75. Donc de 80 à 95, nous sommes au bord de la débâcle ».
Poursuivant l’ancien Bâtonnier a indiqué que « la Cour a constaté à travers les réponses qu’il a données de façon gestuelle et verbale que son état n’était pas des meilleurs. Il a fini par solliciter que l’on veuille bien lui accorder la possibilité d’aller se faire soigner dans un centre spécialisé comme l’ont recommandé les médecins traitants. (…) Il est sous perfusion et un dispositif de contrôle du rythme cardiaque pour savoir s’il faut l’assister, pour ne pas que la catastrophe se produise. Vous savez lorsque l’organisme humain n’arrive pas à satisfaire ses besoins, la médecine vient pour l’assister. La cour n’a pas décidé. Elle est venue pour prendre des éléments lui permettant de décider ».
Rappelons que différents jugements ont été rendus pour accorder un placement sous contrôle judiciaire à l’ancien premier ministre, ainsi qu’à d’autres dignitaires du régime déchu le 05 septembre 2021. Mais chaque fois, le procureur Aly Touré a fait appels auxdits jugements. Me Dinah Sampil avait estimé, en mai 2022, que « c’est un abus qui ne se justifie pas (…) Lorsqu’un tribunal prononce une décision, un individu, fût-il procureur, ne peut pas s’opposer à l’exécution de ladite décision« .
Pour nombre de commentateurs, « il y a des choses qui se passent dans ces dossiers de la CRIEF que l’on ne comprend pas. Tout le monde parle des dossiers de Lansana Kouyaté du PEDN et de Dr. Ousmane Kaba du PADES, soutiens du CNRD du Colonel Doumbouya pour des détournements qu’ils auraient faits en dizaines de millions de dollars. Ils ne sont pas inquiétés. Alors pourquoi emprisonner les autres, comme Kassory, Damaro, Diané, Oyé Guilavogui… Pourquoi cette justice sélective ? ».
Khady THIAM