Sénégal : la justice doit s’affranchir des vices autoritaires de Macky Sall (Par Mognouma)
Il y a moins de deux semaines, le président sénégalais a levé un coin de voile sur sa possible candidature à l’élection présidentielle du 25 février 2024.
A coup sûr, cette annonce a eu le mérite de différer les manifestations qui ont transfiguré un pays jadis stable. Un pays de dialogue et de tradition démocratique.
En revanche, le suspens n’est pas encore totalement dissipé.
Macky Sall ne donne pas l’impression de vouloir en finir avec l’autre dossier qui a plongé le Sénégal dans une grande incertitude. Annoncer sa non-candidature ne suffit pas pour dissiper le spectre de la violence qui plane sur le pays. Les agissements de Macky ne donnent aucun gage de confiance et de certitude quant à sa volonté de s’en aller, comme il l’a éloquemment annoncé. Il continue à vouloir clouer le bec aux opposants irréductibles ou de sceller le sort de ces derniers. On redoute de sa part des stratégies vicieuses et viciées, lui qui, faut-il le préciser, a été contraint à renoncer à sa candidature. Encore que ce désistement passe de plus en plus pour une pirouette pour calmer une situation disruptive dans son pays.
En tout cas, les signes d’une manœuvre détournée de sa part sont de plus en plus perceptibles. Ils nourrissent de gros soupçons et sont alimentés par des actions loin d’être anodines.
Par exemple, quand on autorise une partie de la population à exprimer publiquement son désaccord à l’annonce de non candidature du président sortant, cela cache sans doute quelque chose. Si, dans la même veine, vous collez des procès à ceux qui doutent de votre sincérité, ceux-là même qui vous soupçonnent de ne pas vous conformer à votre engagement et qui craignent que vous ne vous inspiriez du stratagème de l’Ivoirien, Alassane Ouattara, cela ne peut que renforcer le doute. Pour rappel, dans ce pays voisin, le Président avait usé de tous les artifices de mauvais goût pour renier ses engagements de ne pas céder à la tentation du mandat de trop.
Aussi, quand on poursuit un avocat qui annonce assigner le Président de la République et tous ceux qui sont impliqués dans la commission des faits présumés de crime contre l’humanité, devant les juridictions internationales, cela aussi n’a rien de rassurant.
En attendant de nouveaux rebondissements redoutés, la justice Sénégalaise doit s’affranchir des velléités autoritaristes du président Macky Sall dont personne ne peut contester l’implication, voire la responsabilité dans l’instrumentalisation politique des dossiers judiciaires.
Cette prétention autoritariste que l’on connait du président sénégalais depuis son avènement au pouvoir, risque de prendre une dimension inquiétante et préoccupante pour l’indépendance enviée de la justice.
Dans l’un ou dans l’autre cas, Macky fait courir au Sénégal un gros risque, qui peut faire basculer le pays, malgré son annonce qui pourrait être perçue, à cet effet, comme une grosse diversion.