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Coup d’État au Niger : La CEDEAO qualifie de « provocation » les accusations de la junte contre Bazoum

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La junte militaire nigérienne a annoncé son intention de poursuivre le président déchu Mohamed Bazoum pour haute trahison et atteinte à la sécurité nationale.

Tard dans la nuit de dimanche à lundi, les militaires au pouvoir à Niamey ont annoncé leur intention de poursuivre le président Bazoum après avoir recueilli des preuves contre le dirigeant déchu et ses « complices locaux et étrangers ».

Les putschistes n’ont cependant pas fourni de preuves de ces affirmations.

Le leader du coup d’État et chef d’État autoproclamé, le général Abdourahamane Tchiani, avait déclaré que le coup d’État était bien intentionné et visait à écarter une menace imminente qui aurait affecté non seulement le Niger, mais aussi le Nigeria voisin.

C’est le dernier signe que la junte a l’intention de résister aux pressions internationales pour rendre le pouvoir à M. Bazoum.

Une « provocation » selon la CEDEAO, l’ONU se dit inquiète

Le bloc régional d’Afrique de l’Ouest a condamné la décision des militaires nigériens putschistes de poursuivre le président déchu Mohamed Bazoum pour haute trahison, la décrivant comme une « provocation » qui contredit les rapports de samedi dernier sur la volonté de la junte de résoudre pacifiquement la crise politique dans le pays.

Dans un communiqué publié ce lundi, la CEDEAO déclare que le président Bazoum reste le président démocratiquement élu du Niger reconnu par l’organisation et demande sa libération immédiate et son rétablissement dans ses fonctions.

Le porte-parole des Nations unies, Stéphane Dujarric, a déclaré que la tentative de porter des accusations de haute trahison était « très inquiétante », tout en réitérant les préoccupations de l’organisation quant au bien-être, à la santé et à la sécurité du président déchu et de sa famille.

Le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine se réunit ce lundi à Addis-Abeba pour discuter de la situation au Niger.

Comment se porte Mohamed Bazoum ?

M. Bazoum, 63 ans, est retenu captif avec sa femme et son fils et leur santé suscite de plus en plus d’inquiétudes.

Il est détenu dans le sous-sol de son palais depuis que l’armée a organisé un coup d’État il y a environ trois semaines.

M. Bazoum était de « bonne humeur » malgré sa détention dans des conditions « difficiles », a déclaré son médecin après une visite samedi.

La visite du médecin a été approuvée au milieu des demandes internationales croissantes pour la libération de M. Bazoum.

Malgré sa captivité, M. Bazoum a pu publier un article dans le Washington Post déclarant qu’il était un otage et que le coup d’État aurait « des conséquences dévastatrices pour notre pays, notre région et le monde entier« .

M. Bazoum aurait perdu une quantité de poids « inquiétante », tandis que son fils de 20 ans, qui souffre d’une maladie chronique, se serait également vu refuser des soins.

Le chef des droits de l’homme de l’ONU, Volker Turk, a qualifié les conditions de détention d’inhumaines, dégradantes et contraires au droit international des droits de l’homme.

Sa fille Zazia, 34 ans, qui était en vacances en France pendant le coup d’État, a déclaré la semaine dernière au journal britannique Guardian que son père, sa mère et son frère n’avaient ni eau potable ni électricité et vivaient de riz et de pâtes.

Les aliments frais pourrissaient dans le réfrigérateur parce qu’il n’y avait pas d’électricité, a-t-elle déclaré.

M. Bazoum a été vu une fois depuis son renversement, sur une photo publiée après avoir rencontré le dirigeant tchadien Mahamat Idriss Déby Itno.

M. Déby a rencontré à la fois la junte et M. Bazoum peu après le coup d’État dans une tentative ratée de résoudre la crise.

Le Président de la Transition du Tchad, Général Déby Itno Mahamat a rencontré le président Mohamed Bazoum, victime d’un putsch le 26 juillet 2023.

Le général Abdourahmane Tchiani, le chef de l’unité de la garde présidentielle, s’est autoproclamé nouveau dirigeant du Niger le 26 juillet.

Le bloc régional ouest-africain, la CEDEAO, a annoncé une action militaire pour inverser le coup d’État, mais il n’a jusqu’à présent pas donné suite à sa menace.

Les putschistes ont prévenu qu’ils se défendraient contre toute intervention.

La CEDEAO a également imposé des sanctions à la junte, notamment en coupant l’électricité au Niger. Cela a provoqué des coupures de courant dans la capitale Niamey et dans d’autres grandes villes.

Samedi, une importante délégation de religieux musulmans du Nigeria voisin a rencontré les dirigeants de la junte à Niamey dans le but de mettre un terme à la crise.

Le Premier ministre nommé par la junte, Ali Mahamane Lamine Zeine, s’est dit optimiste quant à la tenue de pourparlers avec la CEDEAO dans les prochains jours « pour discuter de la manière dont les sanctions contre nous seront levées ».

Le coup d’État au Niger a reflété des prises de contrôle similaires au Burkina Faso et au Mali voisins, au milieu d’une insurrection islamiste et d’une influence russe croissante dans la région élargie du Sahel par le biais de son groupe de mercenaires Wagner.

Par Beverly Ochieng et Farouk Chothia

BBC Monitoring et BBC News

(*) https://www.bbc.com/afrique/region-66498277

Image de la UNE : Bola Tinubu et le président de la Commission de la CEDEAO Omar Turay (à droite) lors du sommet extraordinaire d’Abuja sur le Niger, le jeudi 10 août 2023 Kola SUMLAIMON 

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