Il y a 38 ans, Sékou Touré mourait aux USA. La Guinée est toujours parmi les derniers.
Le 26 mars 1984, à 15 h 23, heure de Cleveland (USA), et 22 h 23 GMT et de Conakry, mourait le dictateur Sékou Touré, premier président de la Guinée, aujourd’hui dirigée par Colonel Mamadi Doumbouya, qui n’avait alors que 3 ans et 3 semaines. Il y a de cela déjà 38 ans.
Selon de nombreux commentateurs, l’historien guinéen, feu Ibrahima Baba Kaké, est celui qui a su le mieux décrire le syndicaliste devenu politicien (Sékou Touré), grâce au premier président ivoirien, Félix Houphouët Boigny. Dans son ouvrage Sékou Touré : le héros et le tyran, le natif de Kankan a décrit l’homme que peu de guinéens d’aujourd’hui ont connu. Ce qui est sûr, c’est qu’à la prise du pouvoir par le CMRN de Lansana Conté, le 3 avril 1984, une semaine seulement après la mort du tyran, partout à travers la Guinée et ailleurs où vivaient des communautés guinéennes, c’était la fête et l’effacement de tous les symboles de son régime.
Le Sékou Touré dont certains magnifient aujourd’hui le pouvoir, est loin d’être celui que les plus âgés des guinéens ont connu. Pour l’un d’entre eux, « Sékou Touré est le père de la dictature et ses milliers de victimes et millions d’exilés, du clanisme, etc. Avec ses choix idéologiques, il a plongé notre économie dans une mauvaise situation. Nous étions parmi les principaux pays au monde en matière de production de bananes, d’ananas. Il a troqué nos mines, certes moins qu’Alpha Condé, contre des aides inutiles. Regardez OBK et la coopération avec Russal. Depuis 50 ans, ça a donné quoi à la Guinée, alors que la CBG de Kamsar a donné des milliards de dollars à notre pays« .
Analysant les relations entre la Sékou Touré et les chefs d’États de ses voisins du Sénégal et de la Côte d’Ivoire, feu Sennen Andriamirado (1945 à Madagascar et mort le 15 juillet 1997), a écrit (*) : «c’est le chef d’Etat voltaïque Maurice Yaméogo qui répond le 2 juin 1965 : « Un homme comme Houphouët, lorsqu’il est insulté, n’a pas le droit de répondre. Son audience constitue la meilleure réponse aux âneries de ceux qui veulent pourtant être comme lui… Ayez un peu plus de pudeur, car les Africains sont polis. »
Maurice Yaméogo : « qui est donc ce Sékou, alias Touré… »
«La pudeur et la politesse ne sont hélas plus de rigueur. Sékou accuse nommément Houphouët d’utiliser « les armes du mal, le venin et le cynisme » pour entretenir « l’incompréhension entre la France et la Guinée ». Puis sont venues les calomnies, les basses allusions à la vie privée des uns et des autres. C’est encore Maurice Yaméogo qui, depuis Ouagadougou, réplique le 18 juin 1965. La vulgarité de cette réponse, de la part d’un chef d’Etat, mérite malheureusement que l’histoire la retienne. En voici des extraits :
« Mais qui est donc ce Sékou, alias Touré, qui désire tant qu’on parle de lui ? Un homme orgueilleux, menteur, jaloux, envieux, cruel, hypocrite, ingrat, intellectuellement malhonnête… Tu es le prototype de l’immoralité la plus intolérable… [NDLR : censure pour vulgarité.] Tu n’es qu’un bâtard parmi les bâtards qui peuplent le monde. Voilà ce que tu es, Sékou, un bâtard des bâtards. Tu as honte de porter le nom de ton père. Certes, ta grand-mère maternelle est une fille de Samory Touré. Mais le père de ta mère n’était pas un Touré, mais un Fadiga… Par orgueil, tu te fais passer pour un Touré. Tu ne veux pas reconnaître ton vrai père. Tu es donc un bâtard. A la prochaine, petit bâtard de Sékou, alias Touré. »
Pour un observateur, « si les Assises nationales lancées le 22 mars 2022 se déroulent correctement, elles pourraient rappeler le bilan catastrophique de Sékou Touré, Lansana Conté, Dadis, Konaté et établir celui d’Alpha Condé, le pilleur et père de l’ethnostratégie qui fait mal à la Guinée. Est-ce que les mains noires qui conseillent le CNRD vont pouvoir empêcher cela ? On ne sait jamais. »
Brehim Ould MAHMOUD
in https://konakryexpress.org/sennen-andriamirado-houphouat-senghorun-difficile-manage-atrois/