LE CARDINAL ROBERT SARAH A-T-IL RAISON DE PARLER D’ÉCHEC DES PARTIS POLITIQUES GUINÉENS ?
Depuis le régime de Sékou Touré, de nombreuses fois, les homélies du Cardinal Robert Sarah ont suscité des commentaires. Celle d’hier restera sans doute l’une des plus populaires. Mais nombre d’analystes politiques estiment qu’il est un peu sévère avec la classe politique, lorsqu’il affirme que « partis politiques qui ont conduit le pays à la faillite« .
Après avoir posé la question de savoir « quel est le vrai problème de la Guinée en ces temps où nous sommes, et depuis toujours ?« , il a estimé que c’est « un problème de développement, d’aménagement de meilleures conditions de vie pour nos populations« , en invitant à se demander si cette situation n’est pas liée à « l’échec des partis politiques qui ont conduit le pays à la faillite ?« .
Ce passage n’a pas laissé indifférents des commentateurs politiques qui soutiennent « le Cardinal Robert Sarah est un peu sévère dans son analyse. Les partis politiques n’ont pas conduit ce pays à la faillitte. Comme il le sait bien, un homme, Sékou Touré a mis en place un système pour gérer le pays. Ceux qui l’ont succédé, les militaires du CMRN de Lansana Conté faisaient partie de ce système. Ils l’ont continué et ont fait une longue transition de 7 années avant d’autoriser le multipartisme. Ils ont créé leur parti et ont confisqué le pouvoir« .
Pour un de ces commentateurs, « c’est à la mort de Lansana Conté que le pays a eu l’occasion d’organiser des élections libres. Mais on sait comment tout cela s’est déroulé… Je crois que c’est la déception du Cardinal par rapport à la gestion d’Alpha Condé qui l’a poussé à faire ce sévère constat à l’endroit de la classe politique« .
Tous les gouvernements guinéens, de Sékou Touré à Alpha Condé, ont conduit le pays à la faillite. Ils l’ont fait avec le soutien des forces militaires et paramilitaires, avec la collaboration de cadres et au rythme de l’ethnostratégie, que le pouvoir d’Alpha Condé a considérablement promu. La faillite de la Guinée est plus le fait des partis/États P.D.G (sous Sékou Touré), P.U.P (sous Lansana Conté) et R.P.G a-e-c (sous Alpha Condé) et du manque de la culture républicaine des cadres civils et militaires, qui préféraient d’obéir aux instructions de l’Exécutif, plutôt que de s’inspirer des règles de la Républiques.
Heureusement que le Colonel Doumbouya et ses hommes ont décidé, pour une fois, de renverser le régime dictatorial. Mais, ils devraient collaborer avec la classe politique pour trouver les voies permettant au retour à l’ordre constitutionnel normal comme le souhaite les acteurs sociopolitiques guinéens et la communauté internationale.
Ibrahima Sory BALDÉ