Contre La sansure

TEMOIGNAGE : « J’ai peur de ne plus jamais revoir mon mari » (*)

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Nataliia Vladimirova a fui sa maison de Kharkiv, en Ukraine, le premier jour de l’invasion russe, le 24 février, avec sa fille de quatre ans, Oleksandra, et sa belle-mère. Elles font partie des milliers de réfugiés ukrainiens bénéficiant d’un statut de protection temporaire au Portugal. Elle partage avec ONU Info son histoire déchirante de séparation familiale et de perte.

 

Mme Vladimirova est comptable et ancienne enseignante à l’université de Kharkiv. Avec sa fille et sa belle-mère, elle est arrivée à Lisbonne sur un vol humanitaire organisé par le gouvernement portugais le 14 mars.

Avec l’aide de bénévoles, elles ont trouvé une famille locale prête à partager son domicile pendant qu’elles cherchent à obtenir le statut officiel de réfugié. Plus de 22.700 autres Ukrainiens et citoyens de pays tiers ayant vécu en Ukraine ont reçu le statut de protection temporaire au Portugal.

Mme Vladimirova a répondu aux questions d’ONU Info le 24 mars, un mois après l’invasion russe de l’Ukraine.

« Je suis originaire de Kharkiv, qui est maintenant une ville très dangereuse. C’est l’épicentre de cette guerre. Aujourd’hui est un jour chargé d’émotion pour moi, car cela fait un mois que j’ai quitté la maison. J’imagine encore notre appartement et toutes les affaires que nous avons dû laisser derrière nous.

Avant que la guerre ne commence, j’ai suggéré que nous quittions le pays, mais mon mari m’a dit « non, c’est bon, nous sommes au 21e siècle, comment la guerre est-elle possible ? Mais, juste au cas où, j’ai préparé nos documents. Puis, le 24 février, mon mari m’a réveillée et m’a dit « ça commence ! ».

Lorsque nous avons quitté la ville, nous ne sommes pas partis tout de suite d’Ukraine, car nous pensions que nous pourrions rentrer chez nous après quelques jours.

 

 

Nous avons donc bougé entre plusieurs villes ukrainiennes, où de nombreuses personnes nous ont aidés. Notre premier arrêt a été Dnipro, où l’un des collègues de mon mari nous a permis de rester dans son appartement. Mais nous avons entendu des sirènes dès le premier jour, et nous avons décidé de partir.

On a dit à mon mari qu’il n’était pas autorisé à quitter le pays, et il m’a demandé de partir sans lui. J’ai répondu que je l’aimais et que je ne pouvais pas le quitter. C’était à Kryvyi Rih, et il y est toujours.

 

 

S’en remettre au réconfort d’inconnus

 

Mais je devais partir. Je lui ai dit qu’il devait demander à sa mère de quitter Kharkiv et de nous rejoindre à Kryvyi Rih, puis nous avons prévu de quitter le pays, Oleksandra, ma belle-mère et moi.

 

Nataliia Vladimirova et sa famille ont séjourné dans plusieurs abris en Ukraine et en Roumanie avant de se rendre au Portugal.

 

Avant d’arriver au Portugal, nous avons roulé jusqu’à la frontière ukrainienne et sommes passés en Roumanie. Nous ne connaissions personne là-bas et nous avons demandé de l’aide à la Croix-Rouge. Ils nous ont trouvé un endroit où passer la nuit.

Puis nous sommes allés à Bucarest, où un vol humanitaire a été organisé pour nous emmener, ainsi que d’autres réfugiés ukrainiens, au Portugal.

Nous avons été aidés par tant de bénévoles tout au long du chemin. En Roumanie, ils nous préparaient le petit-déjeuner, sans rien demander en retour. Au Portugal, des volontaires nous ont accueillis à l’aéroport et nous ont aidés à trouver un appartement.

Notre hôte à Lisbonne, Maria, est si belle et si gentille. Elle m’a tout expliqué sur le Portugal, sur ce que je devais faire pour trouver une école pour ma fille et sur la manière de trouver un emploi. Ses amis nous ont également aidés en nous donnant des vêtements.

Bien qu’elle n’ait que quatre ans, ma fille sait qu’il y a une guerre terrible à la maison, qu’il y a des fusillades. Elle demande à sa grand-mère pourquoi son grand-père n’est pas là. Elle lui dit qu’il devrait venir au Portugal parce que Kharkiv est trop dangereux.

Ma plus grande peur est de ne jamais revoir mon mari ».

 

 

In https://news.un.org/fr/story/2022/04/1117492

 

Note de l’auteur : Cette interview a été modifiée pour des raisons de clarté et de longueur.

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