Contre La sansure

LIBÉRER LE PRÉSENT.

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La nomination de Dansa Kourouma à la tête du CNT remet en question l’idéal de représentativité politique et institutionnelle des communautés ethnoculturelles et compromet la réconciliation nationale, mantra des transitions.

Ce n’est pas la personne de Dansa qu’il faut critiquer, bien que son ambiguïté à l’égard du troisième mandat et sa reconnaissance de la légitimité de AC au lendemain d’une élection gagnée au prix du sang soulèvent des problèmes d’intégrité et de confiance. Il faut plutôt se demander si le CNRD ne risque pas de compromettre la « réconciliation nationale » en confiant le perchoir à Dansa qui accorde un soutien inconditionnel au régime de Sékou Touré ( un soutien fondé sur des considérations personnelles, communautaires et non fouillées sur le plan académique ) et surtout avait consenti à collaborer avec le PRAC…au moment où la dictature était institutionnalisée par les tenants du 3e mandat.

Je ne dis pas que Dansa échouera. Mais sa nomination à la tête du CNT relève une difficulté pour les autorités de la transition à s’inscrire dans une dynamique de rupture, car si l’on prend au sérieux l’idée de société civile et les obligations qu’elle implique, il sera difficile de dire que Dansa Kourouma a été un défenseur des intérêts et opinions des populations guinéennes.

 

J’ai eu l’occasion de le rappeler dans des tribunes, et pendant mon séjour en Guinée, j’ai voulu rencontrer Dansa et cie pour discuter avec eux de l’intérêt que nous avons tous à ce que cette transition n’échoue pas. Les Guinéens n’ont pas besoin de s’aimer pour vivre ensemble, c’est là une utopie. Travaillons à fonder notre coexistence sur des intérêts communs au-delà de nos divergences. Il peut y avoir une harmonie sans amour.

Mais pour cela, commençons d’abord par discuter sur notre histoire collective sur la base des études et des travaux académiques plurielles, comparons les arguments à la lumière des faits, ne laissons pas nos appartenances communautaires et nos sentiments dicter nos valeurs et notre compréhension de l’histoire. Il est temps de privilégier le raisonnable et le travail exigeant de la critique, celle qui ouvrira les possibles en Guinée. Autrement dit, il nous faut libérer le présent.

Par Amadou Sadjo BARRY, Phd
Professeur de Philosophie à Ste-Hyacinthe
Québec, Canada

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