Présidentielle américaine : Nikki Haley, rivale de Donald Trump, mise sur une « dynamique électorale »
Alors que Donald Trump, favori pour l’investiture républicaine à la présidentielle américaine, est confronté à plusieurs obstacles, Nikki Haley a progressé dans les sondages ces derniers mois. L’ancienne ambassadrice des États-Unis à l’ONU talonne désormais le gouverneur de Floride Ron DeSantis, dont la cote a dégringolé.
Dans le ciel politique américain, elle est l’étoile montante des républicains. Son nom : Nikki Haley. Ex-ambassadrice à l’ONU, la candidate apparaît de plus en plus comme la principale rivale de Donald Trump, à deux semaines du début des primaires.
Dans les sondages, l’ancienne gouverneure de Caroline du Sud est désormais créditée de 11 % des intentions de vote, selon le site FiveThirtyEight qui propose une synthèse des enquêtes nationales. Encore très loin de Donald Trump et de ses 61,2 %, elle bénéficie de la chute de popularité de Ron DeSantis. Le gouverneur de Floride, longtemps considéré comme le seul adversaire sérieux de l’ancien président, glanerait 11,7 % des voix.
Elle « a su se démarquer » lors des débats des républicains
Nikki Haley peut se targuer d’un parcours politique riche. D’abord représentante de la Caroline du Sud (2005-2011), elle a ensuite gouverné cet État pendant six ans avant d’être ambassadrice des États-Unis auprès de l’ONU pendant près de deux ans (2017-2018), sous la présidence de Donald Trump. Ce dernier a d’ailleurs loué son « travail fantastique » après sa démission.
Lorsqu’elle a annoncé en février se lancer dans la course à la Maison Blanche, Nikki Haley était vue comme une « outsider » des électeurs et des médias. Sa campagne a connu des débuts difficiles, freinée par la concurrence de Tim Scott, sénateur de Caroline du Sud, qui partageait ses soutiens. Mais il y a quelques mois, le lancement de la saison des débats, que Trump continue de bouder, a changé la donne.
« Nikki Haley a su se démarquer des autres candidats républicains lors des débats, étant perçue comme plus modérée que Donald Trump« , analyse Jérôme Viala-Gaudefroy, chargé de cours à Sciences-Po Saint-Germain-en-Laye et spécialiste des États-Unis. « Elle bénéficie également d’une grande expérience des relations internationales acquise lors de son passage à l’ONU, ce qui lui donne un avantage sur ses rivaux. Elle espère glaner les voix des républicains modérés, et de ceux qui ont peur que Trump perde. »
Au sein d’un Parti républicain de plus en plus conservateur, Nikki Haley a notamment misé sur ses origines sikhs et sur son âge (51 ans) pour se donner une image de diversité et de modernité. Pro-armes et anti-syndicats, elle se distingue grâce à une parole plus mesurée que ses rivaux, en particulier sur l’avortement. Depuis le début de sa campagne, elle ménage ses attaques contre son ancien mentor Donald Trump, englué dans des affaires judiciaires et exclu des primaires dans le Maine et le Colorado. Elle craint de froisser sa base électorale, encore très fidèle à l’ancien président.
Une stratégie qui semble fonctionner : elle est passée en quelques semaines de 4 à 10 % dans les sondages. Les autres candidats, qui la voient désormais comme une menace sérieuse, l’ont d’ailleurs vivement attaquée lors du dernier débat en décembre.
Le test du New Hampshire et de l’Iowa
Depuis plusieurs semaines, les soutiens de Nikki Haley se multiplient. Des donateurs démocrates de premier plan, préoccupés par le discours de plus en plus autoritaire de Donald Trump, exhortent les électeurs démocrates et indépendants à voter pour elle lors des primaires républicaines ouvertes.
Dans un pays où les campagnes politiques se remportent à coups de milliards de dollars, Nikki Haley a pu compter sur le soutien de James Dimon, directeur général de la banque JP Morgan Chase, mais aussi de Reid Hoffman – le co-fondateur de LinkedIn a donné 250 000 dollars à un « Super PAC » (comité de soutien politique chargé de récolter des fonds de campagne) pour soutenir sa candidature.
« La question principale est de savoir si Nikki Haley pourra créer une dynamique électorale« , note Jérôme Viala-Gaudefroy. « Si elle obtient un bon résultat dans le New Hampshire ou l’Iowa, cela pourrait lui permettre de se rapprocher de Donald Trump. Elle ne le battra pas forcément, mais cela pourrait lui donner un nouvel élan. »
Tous les yeux sont, en effet, tournés vers ces deux États, les deux premières étapes de la course républicaine. Dans le New Hampshire, où les primaires auront lieu le 23 janvier, la candidate a réduit l’écart avec Donald Trump : elle recueillait 25,7 % des intentions de vote, le 28 décembre, contre 44,1 % pour l’ancien président des États-Unis. Le New Hampshire est souvent déterminant dans la course à la Maison Blanche. Il peut pousser les candidats les plus faibles à abandonner ou relancer les campagnes mal parties.
Propos ambigus
Mais la gaffe politique de Nikki Haley lors d’un débat télévisé pourrait lui nuire. Invitée à s’exprimer sur l’esclavage lors d’un échange avec des électeurs le 27 décembre, elle a préféré se concentrer sur les excès du gouvernement et sur les libertés individuelles. Elle a ainsi éludé la question, provoquant l’irritation de l’intervieweur. « Eh bien, en voilà une question facile », a-t-elle déclaré en plaisantant. « Que voulez-vous que je dise à propos de l’esclavage ? Question suivante. »