Contre La sansure

Ces patients d’Afrique subsaharienne qui continuent à se faire soigner en Tunisie

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Alors que l’année 2023 a été marquée en Tunisie par un déferlement de violences à l’encontre des communautés subsahariennes, environ 100 000 patients en provenance des pays d’Afrique de l’Ouest et centrale se sont fait soigner et opérer l’an dernier, selon les chiffres officiels.

Au son de la voix de la diva égyptienne Oum Kolthoum, Mamadou Billo Kanté, Guinéen de 77 ans, se laisse conduire d’un bout à l’autre de Tunis. Comme tous les matins depuis une vingtaine de jours, un chauffeur a été mis à sa disposition. Mamadou décrit sa routine médicale : « Urologue, cardiologue, ophtalmologue, neurologue… Chaque jour, nous avons un programme spécial avec un spécialiste. Les infrastructures sanitaires sont vraiment impeccables, les médecins aussi, ce sont des médecins de haut niveau. »

Au programme aujourd’hui, une visite de contrôle chez le Dr Rania Abid, ophtalmologue. Monsieur Kanté a tout juste été opéré de la cataracte, des deux yeux. Pris en charge dans des structures privées et non pas dans les hôpitaux publics tunisiens qui manquent souvent de tout, il finance son voyage sur ses fonds propres. « Du billet d’avion jusqu’aux frais d’intendance, d’examens, les médicaments… on est autour de 80 millions de francs guinéens. Combien ça fait en euros ? Calculez ! », plaisante-t-il. Vérification faite, cela fait près de 8 400 euros.

Appréhensions

Alors que ces derniers mois ont été marqués par un déferlement de violences à l’encontre des Subsahariens dans le pays, le choix de la Tunisie est-il bien sage ? « Alors là, vous mettez les pieds dans le plat. Ces évènements des immigrés là, ça a quand même eu un impact négatif parce que tout le monde se sentait concerné par ce qui est arrivé. Cela faisait tout de même une mauvaise image. »

Ces appréhensions, Olfa Kelmami, est aux premières loges pour les entendre. Sa société Smedi, spécialisée dans la prise en charge des patients subsahariens en Tunisie depuis quinze ans, a fait les frais des remous de l’actualité. De près de 800 en 2022, le nombre de patients a chuté à environ 600 cette année. « Il y a des gens qui ont eu peur. Il y a des gens qui nous ont appelé pour nous dire : « est-ce que c’est vrai ce qu’on est en train de voir ? ». Il y a des gens qui ont annulé par précaution, explique la directrice générale. Les malades que nous avons là, ce sont eux qui ont été nos ambassadeurs. Ils ont appelé leur famille. Quelques-uns ont même fait des vidéos, des photos pour dire “Je suis en plein centre-ville, je n’ai rien, je suis à l’aise, je suis en sécurité”. »

La suite … https://www.rfi.fr/fr/podcasts/reportage-afrique/20240113-ces-patients-d-afrique-de-l-ouest-et-centrale-qui-continuent-de-se-faire-soigner-en-tunisiean

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