Contre La sansure

Le manque de stratégie de la classe politique, du pain béni pour le pouvoir du putschiste Mamadi Doumbouya ?

0

Que sont devenus les leaders Faya Millimono, Lansana Kouyaté, ces leaders griots du CNRD, qui soutenaient aveuglement les actions liberticides des autorités de la transition ? Où sont ces petites formations politiques vivant aux dépens des grandes formations politiques qui, à un moment donné, ont fait le jeu du CNRD croyant désespérément que celui-ci leur ouvrira les robinets du bonheur ?

Le Colonel Mamadi Doumbouya a roulé tout le monde dans la farine. Il a profité de la position des leaders politiques, des membres du FNDC contre le régime d’Alpha Condé pour dérouler tout tranquillement ses premières actions liberticides, sans consulter ni associer personne. Actuellement, le regret de l’avoir soutenu sans réserve est perceptible. Pourtant, il avait promis le 5 septembre que personne ne sera exclu du processus.

En politique, l’erreur de l’adversaire est un pain béni à consommer. Cette leçon, la classe politique guinéenne l’a apprise à ses dépens. Elle doit s’efforcer aujourd’hui de ne pas reprendre les mêmes erreurs pour le bonheur du peuple de Guinée.

Le manque de véritables adversaires, des adversaires de taille devant le pouvoir du CNRD rend celui-ci fort. Sinon, il ne l’est pas du tout. Le pouvoir du Colonel Mamadi Doumbouya ne repose sur rien. Vomi même dans sa propre région, il suffit juste une action commune, la détermination de l’ensemble des acteurs sociopolitiques les plus représentatifs du pays pour faire plier cet usurpateur et ses sbires. Oui, aux yeux de l’écrasante majorité des populations de Kankan, le principal cerveau du massacre du 5 septembre 2021 est un perfide qui ne mérite le soutien de personne. Dans la tradition mandingue, communauté à laquelle appartient le Colonel usurpateur, la trahison est synonyme d’indignité. Pis, quand elle est dirigée contre un bienfaiteur.

Mais, très malheureusement, le manque d’organisation de la classe socio-politique guinéenne rend le pouvoir actuel fort. Sinon, le colonel et ses hommes n’ont ni la force ni l’intelligence qui leur permettent de défier le peuple.

En effet, les erreurs de la classe politique guinéenne depuis le 5 septembre 2021 continuent de profiter à la junte militaire. N’eussent été ces erreurs, le pouvoir du CNRD se serait méfié de s’aventurer sur le terrain périlleux qu’il a pris aujourd’hui. Mais, il a profité du soutien de l’ancienne opposition au régime d’Alpha Condé pour asseoir son pouvoir et poser un certain nombre d’actes en défaveur de la classe notamment la mise en place de la Charte de la Transition qui donne plus de pouvoir aux sociétés civiles accommodantes, à la solde du CNRD.

De l’avis d’un observateur, « la classe politique, représentée par quinze personnes seulement, sur 81 membres au CNT, ne peut véritablement compter que sur les représentants de l’UFDG, de l’UFR et celui du RPG Arc-en-ciel qui défendent l’intérêt national. Tout le reste, à quelques rares exceptions, roule pour le pouvoir. Le CNRD ne devrait cependant pas croire qu’il a tous les atouts pour conserver le pouvoir… Pour un rien, ça pourrait s’écrouler comme un château de cartes. »

Le musèlement de la presse et la restriction des réseaux sociaux, est-ce une bonne option ?

Le CNRD pense que c’est en muselant la presse et en restreignant les réseaux sociaux qu’il pourrait s’éterniser au pouvoir. C’est mal connaitre le peuple de Guinée. En 2007, il n’y avait pas de réseaux sociaux en Guinée et les médias se comptaient du bout du doigt. Cela n’a pourtant pas empêché le peuple de Guinée à défier le pouvoir du Général Lansana Conté, à l’appel à manifester du mouvement syndical d’alors dirigé par Hadja Rabiatou Sérah Diallo et Ibrahim Fofana, paix à leurs âmes. En 2009 aussi, la classe politique n’a pas eu besoin des réseaux sociaux pour défier le pouvoir du Capitaine Moussa Dadis Camara.

Le jour où les forces vives de la Nation mettront en place une véritable stratégie contre ces pilleurs de nos ressources, le pouvoir du CNRD n’aura autre choix que d’associer tout le monde à la gestion de la transition ou il vacillera. Rien n’arrête un peuple déterminé.

Paul Zoumanigui

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

× Comment puis-je vous aider ?