Contre La sansure

Témoignage – D’enfant soldat à pompier, le changement de vie de Fabien Mwingwa (*)

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Autrefois Fabien Mwingwa combattait en tant qu’enfant soldat au sein d’un groupe armé en République démocratique du Congo (RDC). Aujourd’hui, il a changé de vie et travaille pour la mission de maintien de la paix des Nations Unies dans le pays, en tant que pompier, contribuant à assurer la sécurité de la population locale.

 

M. Mwingwa avait 17 ans lorsqu’un groupe rebelle – le RCD-Goma – l’a convaincu de rejoindre ses rangs et de lutter contre le gouvernement du Président Laurent Kabila, en lui promettant une vie de prospérité.

Il a été recruté à Goma, la capitale de la province du Nord-Kivu, et a commencé un entraînement militaire dans la brousse. Après sept ans de combat M. Mwingwa s’est rendu. Il est maintenant employé par la mission de maintien de la paix des Nations Unies en RDC (MONUSCO) en tant qu’assistant à la sécurité incendie.

« Lorsque j’ai rejoint le RCD-Goma, un avenir sombre s’annonçait pour moi. Le gouvernement essayait d’imposer une tribu pour régner sur tout le pays et les chefs rebelles nous promettaient, qu’une fois que nous aurions libéré le pays, nous prospérerions.

« Après avoir été recrutés, nous sommes restés à Goma pendant un mois.  Puis nous avons été envoyés au camp militaire de Rwampara, situé à Bunia, dans la province d’Ituri. Les chefs rebelles ont compris que nos parents nous cherchaient et qu’il serait plus facile pour eux de nous repérer à Goma.

« L’entraînement a ainsi été déplacé à Kisangani, avant que nous soyons envoyés sur le champ de bataille à Manono, dans la province du Tanganyika. Les combats étaient intenses. Nous utilisions des armes lourdes comme les lance-grenades propulsées par fusée (RPG). Nous étions très jeunes et certains de ceux qui ont survécu plus tard ont souffert de troubles mentaux.

« J’ai beaucoup souffert. Les conditions étaient sales et puantes, et nous étions infestés de poux.

 

Fabien Mwingwa, ex-combattant en République démocratique du Congo (RDC). Il s'est rendu en 2005 et travaille aujourd'hui comme pompier à la MONUSCO, au bureau de Goma.
ONU Vidéo Fabien Mwingwa, ex-combattant en République démocratique du Congo (RDC). Il s’est rendu en 2005 et travaille aujourd’hui comme pompier à la MONUSCO, au bureau de Goma.
Il s’est rendu en 2005 et travaille aujourd’hui comme pompier à la MONUSCO, au bureau de Goma. 

S’il vous plaît, rentrez chez vous

 

« J’ai été choisi pour escorter notre chef jusqu’à Goma, avec d’autres combattants.  Lorsque ma mère a appris que j’étais de retour, elle m’a supplié de rester à la maison, car les membres de ma famille étaient attristés par ce qu’ils avaient entendu que j’avais vécu dans la brousse.

« Mais je suis resté avec le groupe. Ce n’est qu’en 2004 que j’ai décidé de partir. Je me suis rendu compte que la vie avec les groupes armés n’apportait pas la prospérité qu’ils avaient promise : tout l’argent que nous obtenions, nous devions le donner aux dirigeants, qui ne nous fournissaient même pas d’abri.

« L’année suivante, j’ai entendu parler du programme de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR), géré par la mission de maintien de la paix des Nations Unies. J’ai rendu mes armes et mes uniformes. J’ai suivi toutes les procédures, y compris la visite d’un bureau qui vérifiait si j’avais effectivement suivi une formation militaire ou commis des délits dans la communauté.

 

Fabien Mwingwa, un ex-combattant qui est employé par la MONUSCO à Goma, dans la province du Nord-Kivu en RDC, en tant qu'assistant à la sécurité incendie.
ONU/ Eskinder Debebe Fabien Mwingwa, un ex-combattant qui est employé par la MONUSCO à Goma, dans la province du Nord-Kivu en RDC, en tant qu’assistant à la sécurité incendie.

 

« J’ai obtenu un emploi en tant qu’agent de sécurité, où j’ai reçu une formation en ingénierie et en sécurité incendie. Lorsque mon contrat a pris fin, j’ai obtenu plusieurs autres contrats de courte durée jusqu’à ce que je sois employé par la MONUSCO en tant qu’assistant en sécurité incendie en 2015.

« Je suis reconnaissant à la MONUSCO de m’avoir accompagné depuis ma reddition. Je gagne un salaire décent et je suis propriétaire d’une maison. Je suis marié et je suis en mesure d’offrir une bonne éducation à mes enfants.

« Mon message aux jeunes est qu’ils ne devraient pas aller se battre dans la brousse, car il n’y a aucun avantage. J’ai souffert, j’ai perdu du temps.

« Aux combattants, je dis, s’il vous plaît, rentrez à la maison et apprenez diverses compétences. Vous pourriez être embauchés comme moi et la vie est belle ».

 

(*) https://news.un.org/fr/story/2022/04/1118062

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