Contre La sansure

« Si on peut perpétrer seul un coup d’État pour s’emparer du pouvoir, on ne peut exercer seul le pouvoir… » (*)

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Au Mali, la junte militaire propose à la CEDEAO une transition de deux ans. Mais elle feint d’oublier qu’elle exerce le pouvoir depuis presque deux ans déjà. Cette période sera-t-elle prise en compte dans la durée totale de la transition ?

 

L’une des erreurs que commettent les militaires est de penser que lorsqu’ils prennent le pouvoir, ils peuvent garder indéfiniment le silence sur la durée de la transition et que celle-ci ne commence à courir qu’à compter du jour où ils daigneront la fixer.

Il existe une réalité à ne pas perdre de vue dans la gestion d’une transition militaire. En effet, prendre le pouvoir par les armes est une chose, l’exercer en est une autre. Si on peut perpétrer seul un coup d’État pour s’emparer du pouvoir, on ne peut exercer seul le pouvoir. C’est pourquoi, une concertation sincère avec les composantes de la Nation est la voie dans laquelle il faut s’engager le pays.

L’époque où l’on pouvait imposer la peur aux civils par les armes est révolue. Le mépris, l’arrogance, les combines, la ruse et l’exclusion sont à bannir à tout prix pour une transition réussie et apaisée.

La concertation est d’autant plus primordiale que les autorités issues d’un putsch n’ont pas reçu mandat du peuple pour exercer le pouvoir. Si des putschistes peuvent revendiquer une certaine légitimité à un moment donné, celle-ci n’est pas définitive et peut s’éroder assez rapidement.

L’intelligence des autorités de transition dans un pays consiste donc à prendre en compte la fragilité de leur situation afin d’éviter que ceux qui les ont portées aux nues ne déchantent et soient des adversaires. Une junte militaire n’a pas besoin d’adversaires car elle n’a rien à y gagner. Son salut ne peut venir que l’adhésion massive des citoyens, des acteurs politiques et de la société civile à leurs programmes. Encore une fois, les époques ont changé. Malheur à celui qui n’en prend pas conscience.

 

Me Mohamed Traoré

Ancien Bâtonnier

 

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