Combien sont-ils ces membres du Conseil national de transition (CNT) à s’être abstenus de voter lors de la validation du rapport de missions à l’intérieur du pays sur les consultations nationales ? Combien d’entre eux ont pu vérifier si les amendements recommandés figurent dans la version finale ?
Au pays des Sékou Touré, Lansana Conté, Dadis Camara, Sékouba Konaté, Alpha Condé et aujourd’hui de Mamadi Doumbouya, modifier des actes de premiers plans, y compris des décrets présidentiels, voire même le contenu de la Constitution, comme cela avait été le cas lors de la préparation du coup d’État constitutionnel du 22 mars 2020 et de son adoption les semaines qui ont suivi, n’est pas surprenant. « En Guinée, les gens du pouvoir, explique un commentateur, font ce qui arrange le système. Alors si le CNT, majoritairement formé par des gens du CNRD, adopte une version finale sans la porter à la connaissance de tout le monde, cela ne devrait pas nous surprendre. Le CNRD et ses mains noires sont en train de nous jouer le tour d’Alpha Condé avec son troisième mandat. Ils veulent organiser des élections comme lors du 2ème tour de la présidentielle de 2010« .
Pour ce commentateur, « tout le monde, en commençant par le Colonel Mamadi Doumbouya, a constaté l’échec du lancement du cadre constitutionnel en raison de l’absence des principaux acteurs politiques et de la société civile. Comment voulez-vous qu’à peine une semaine le Ministre Mory Condé nous revienne pour nous préparer à accepter un chronogramme/mandat. En tout cas, cela ne va pas marcher car, si le peuple avait trouvé les 6 mois de la CEDEAO trop courts, il ne voudrait plus aller au delà de septembre 2023. C’est sûr que l’arrivée prochaine de la mission de la CEDEAO pourra aider à arranger les choses. Il n’y a pas de raison qu’elle ait un facilitateur au Mali et pas en Guinée. Et comme les représentants de la quasi totalité du peuple veulent un cadre de dialogue permanent, la mise en place de cette institution sera incontournable« .
Aujourd’hui, le CNRD et ses alliés sont la Mouvance présidentielle
Hier, à la fin de la cérémonie de restitution des différentes propositions relatives au chronogramme de la transition, boudée par l’essentiel des forces vives (UFDG, UFR, RPG, FNDC, FFSG,) le Ministre Mory Condé a laissé échapper une phrase qui a fait dire à un analyste politique que « le CNRD et ses alliés sont la Mouvance présidentielle. Ses alliés sont ceux qui ont assisté à la cérémonie de ce 29 avril, dans le seul but de faire semblant de préparer le chronogramme à soumettre à la mission de la CEDEAO. Ont-ils oublié que celle-ci a donné au Mali 12 à 16 mois, délai qui ressemble fort à ce que veulent l’UFR, l’UFDG, leurs alliés, le RPG, le FNDC, le FFS qui sont les véritables forces vives de ce pays ? »
En disant notamment que « nous sommes dans une transition, il n’y a pas de mouvance présidentielle. Nous avons en face de nous les acteurs des forces vices de la nation, l’article 77 de la charte dispose que la durée du chronogramme de la transition sera définie de commun accord avec le CNRD et les acteurs des forces vives. Et ces acteurs des forces vives, ce sont eux qui étaient là ce matin dans cette salle. Ceux qui se sont abstenus de venir dans cette salle ont également fait des propositions par voix de presse que nous avons bien voulu prendre en compte« , Mory Condé a-t-il informé que le CNRD a décidé d’aller sans les absents ?
Si tel est le cas, que feront-ils si la communauté internationale, CEDEAO en tête, qui a reçu la proposition du FNDC, leur disait que la synthèse des propositions ne reflétait pas la position exprimée des forces vives guinéennes ?
M. S. Fadi DIALLO
