Allemagne: se dirige-t-on vers l’implosion de la coalition tripartite gouvernementale ?
Tout ne tourne pas rond au sein de la coalition tripartite du chancelier Olaf Scholz.
La coalition du gouvernement fédéral composé des sociaux-démocrates, des libéraux démocrates et des écologistes est au bord de l’implosion, et pourrait sauter cette semaine.
Face à la détérioration de la situation économique du pays, le débat sur le budget fédéral pour l’année prochaine, la coalition reste plus que jamais divisée.
Car le parti libéral FDP demande une révision complète de la politique économique, quitte à faire imploser la coalition et pousser à des nouvelles élections anticipées.
Depuis, le chancelier Olaf Scholz (SPD) multiplie les rencontres avec ses partenaires.
Selon l’agence de presse allemande (DPA), il y a eu à cet effet ce lundi 04 novembre 2024 une rencontre entre le chancelier Olaf Scholz (SPD) le ministre fédéral de l’Économie et Vice-chancelier Robert Habeck (Verts) et le ministre fédéral des Finances Christian Lindner (FDP) à la chancellerie.
Lindner s’est rendu tard dans la journée de ce lundi au Bundestag pour une réunion avec son groupe parlementaire le FDP et avec des représentants d’associations économiques.
Pour l’heure, rien n’a filtré de la rencontre entre les responsables de la coalition tripartite. Sans doute d’autres réunions vont suivre.
Et cela après le départ du nouveau secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte, présent chez le chancelier Olaf Scholz ce lundi.
Car Olaf veut selon le magazine d’informations Spiegel tout mettre en œuvre pour clarifier à nouveau l’importance pour la coalition tripartite de continuer à travailler ensemble.
L’élément déclencheur de la crise
La fermeture pour la première fois de son histoire d’une usine du numéro un automobile européen Volkswagen est l’un des éléments déclencheur de cette crise gouvernementale.
Cette usine historique et de prestige en Allemagne n’a enregistré qu’un bénéfice de 1,6 milliard d’euros, contre 4,3 milliards sur la même période l’année dernière.
En plus, Volkswagen est depuis un certain temps en plein bras de fer avec la puissante organisation syndicale IG Metall, qui réclame une nette augmentation des salaires pour les travailleurs de l’entreprise, car l’Allemagne se trouve en pleine récession. Et l’inflation galopante pèse de plus en plus sur les ménages allemands.
L’entreprise a annoncé la semaine dernière d’avoir aussi enregistré, une chute de plus de 60 % de son bénéfice net au troisième trimestre.
Plus surprenant dans cette crise économique du numéro un européen de l’automobile est le fait que, la coalition tripartite n’a pas fait une réaction commune.
Ils n’ont pas pu resserrer les rangs et faire preuve de fermeté commune. Chacun a présenté son plan sur fond d’une mise en scène.
Robert Habeck, le vice-chancelier a présenté le 23 octobre un agenda de modernisation. Le 29 octobre était le tour du chancelier Olaf Scholz d’organiser sans ses ministres un« sommet de l’industrie » avec les patrons de Volkswagen, de Siemens ou BASF et ses organisations syndicales. Et ce même jour organisait le ministre des Finances Christian Lindner une rencontre au Bundestag avec les les différentes fédérations patronales.
Cela démontre que la dynamique au sein de la coalition est au point mort et qu’elle n’est plus en mesure d’atteindre un consensus, ne serait que symbolique.
La problématique de la réforme de règle d’or du frein à la dette
Il faut noter qu’au cœur de cette crise entre les protagonistes du gouvernement de la coalition allemande se trouve la fameuse question de la réforme de la règle d’or allemande du frein à la dette.
Car les verts et les sociaux-démocrates pensent qu’il faut face à la crise économique actuelle la réformer ou la contourner provisoirement.
Ces deux protagonistes plaisent pour plus d’intervention de l’État et de dépense publique pour relancer l’économie
Mais le FDP, parti libéral allemand, membre de la coalition tripartite, défend cette règle d’or avec bec et ongles.
Il reste désormais à savoir si la rencontre tripartite prévue jusqu’au mercredi de cette semaine permettra à la coalition de finir ensemble ce mandat sans élections anticipées pour le mois de mars 2025 avant celles prévues en septembre 2025.
Car l’Allemagne fait face à sa deuxième année consécutive de récession économique et à une crise industrielle cristallisée déclenchée par le conflit Russo-ukrainien ayant conduit à une crise énergétique, une inflation galopante sans précédent.