Le bal des déchus et la trahison des faux guides religieux
Le spectacle auquel la Grande Mosquée Fayçal de Conakry a récemment servi de théâtre est une illustration frappante de la décadence morale et politique qui gangrène notre pays. En réunissant anciens ministres, chefs religieux et autres personnalités autour d’une cérémonie ostensiblement patriotique, c’est un lamentable bal de la démagogie et de l’opportunisme qui s’est joué sous nos yeux.
À travers des louanges exagérées et serviles au Général Mamadi Doumbouya, ces ministres déchus ont tenté de masquer leur véritable motivation : la préservation de leurs privilèges au détriment d’un réel engagement pour la Guinée. Sous le prétexte de soutenir une vision “progressiste”, ces hommes, naguère proches du pouvoir, révèlent une fidélité non pas à la nation, mais à l’homme fort du moment, dans l’espoir de maintenir leur accès aux cercles du pouvoir.
La démagogie éhontée des ministres déchus
Guillaume Hawing, figure de proue de ce collectif, incarne à lui seul cette abdication totale de l’éthique au profit d’un opportunisme éhonté. Lorsqu’il déclare, sans rougir, que son collectif refuse de suivre “l’exemple” de ceux qui, après avoir été écartés, osent s’opposer au régime, il dévoile une mentalité servile indigne de la mission qui devrait être celle de tout ancien ministre : défendre l’intérêt général, même contre un pouvoir autoritaire.
Le soutien bruyant qu’il exprime au Général Doumbouya ne repose sur aucune analyse sérieuse des politiques mises en œuvre ou des défis auxquels la Guinée fait face. Il ne s’agit que d’une tentative maladroite de recycler des figures politiques discréditées en chantres du régime. Cette allégeance aveugle, présentée comme une vertu, est en réalité une trahison flagrante des idéaux républicains.
La complicité des faux religieux
Si la posture des anciens ministres indigne, la complicité des chefs religieux invités à cette mascarade est encore plus révoltante. Dans un pays où les institutions religieuses devraient être des bastions de vérité, de justice et de crainte de Dieu, ces leaders spirituels se sont transformés en auxiliaires dociles d’un pouvoir autoritaire. Leur rôle, loin de rappeler les valeurs d’intégrité et de justice, semble se réduire à cautionner des cérémonies destinées à consolider un régime oppresseur.
La présence de ces guides religieux dans cette réunion politisée est une trahison de leur mission sacrée. Plutôt que de dénoncer les injustices, les arrestations arbitraires, ou encore la souffrance du peuple, ils se sont contentés de bénir l’ordre établi, troquant leur rôle prophétique contre des miettes de pouvoir et des privilèges éphémères.
Une stratégie de diversion bien rodée
Le collectif a tenté de justifier sa démarche en brandissant comme trophée la réintégration des étudiants du Franco-Arabe dans les programmes de bourses à l’étranger. Mais quel effet ce geste isolé peut-il avoir face à l’effondrement généralisé des institutions, au mépris des droits humains et à la gestion chaotique de l’économie nationale ?
Il est clair que cette initiative n’a d’autre but que de distraire l’opinion publique des vrais problèmes de la Guinée : une pauvreté galopante, des infrastructures délabrées, une corruption endémique et un régime militaire qui étouffe toute contestation. Ces anciens ministres, plutôt que d’être des voix critiques, se font les porte-voix d’une propagande grossière, alignés sur un pouvoir qu’ils servent avec une docilité indécente.
Un appel à l’éveil citoyen
Le peuple guinéen doit ouvrir les yeux sur cette alliance diabolique entre des politiciens en quête de rédemption et des religieux plus soucieux de leurs pitances que de leur foi. Une nation ne se construit pas sur des flatteries et des bénédictions hypocrites, mais sur une exigence intransigeante de justice, de vérité et de responsabilité.
La Guinée mérite mieux que ce spectacle navrant de déchéance morale. Elle a besoin de leaders courageux, capables de défier l’autorité lorsque celle-ci dévie, et de guides spirituels prêts à élever leurs voix pour défendre les opprimés, même au prix de leurs privilèges. L’heure est venue pour les Guinéens de rejeter cette culture de soumission et d’opportunisme, et de réclamer un leadership à la hauteur des défis de notre époque.
Car l’histoire retiendra, non pas les chants flatteurs des déchus, mais les actes de ceux qui auront osé s’élever contre la tyrannie et la compromission.