Me Cheick Oumar Konaré : « Choguel veut obliger le général Assimi Goïta à choisir entre son limogeage et la restitution de ses pouvoirs de Premier ministre »
Au Mali, les commentaires et les analyses pleuvent au lendemain du discours de clarification du Premier ministre, Choguel Kokalla Maiga, que certains qualifient de « discours incendiaire », contre ses alliés militaires au pouvoir. L’Avocat du Barreau malien et analyste politique, Me Cheick Oumar Konaté, qui fréquente le premier ministre depuis trois décennies, pense qu’il veut obliger le Président de la Transition, à travers ce discours, à choisir entre son limogeage et la restitution de ses pouvoirs de Premier ministre.
Les avis sont partagés au lendemain du discours de clarification du premier ministre, Dr Choguel Kokalla Maïga, qui a dénoncé devant des milliers de ses partisans son « isolement dans la prise des décisions importantes » par les militaires au pouvoir. Pour l’analyste politique, Me Cheick Oumar Konaté « Choguel souffre depuis un an d’être isolé au sein du pouvoir ». Il révèle les conversations qu’il a eues à plusieurs reprises avec le Premier ministre par rapport à son isolement : « Je l’ai demandé pourquoi il ne démissionnait pas. Sa réponse n’a jamais varié. “Cette Transition est mon bébé, me dit-il, et je tiens à le protéger; si je démissionne, c’est comme si j’abandonnais mon propre bébé et si, après ma démission, quelque chose tournait mal, on m’en rendrait responsable. Je n’ai d’ailleurs jamais pris une démission pour un acte de courage. Je préfère donc être démis que de démissionner car alors, je serai irréprochable.” » Cet analyste politique explique les raisons pour lesquelles Choguel Kokalla MaIi a exprimé ses griefs sur la place publique.
Selon sa justification, le premier ministre de transition veut «obliger le président de la Transition à choisir: soit il le limoge, soit il lui restitue ses pouvoirs de Premier ministre ». Dans ce commentaire, Me Cheick Oumar Konaré décrit le premier ministre comme « un homme véridique, loyal, intelligent et courageux » en rappelant que lorsqu’il était à la tête du M5-RFP, « il combattait le régime d’IBK, il n’avait ni chauffeur personnel, ni gardien à domicile ». Lorsque Me Cheick Konaté lui a exprimé son étonnement, la réponse de Choguel a été claire: « Crois-tu qu’un gardien puisse me protéger des services secrets et des forces de sécurité ? ».
En bref, l’avocat souhaite que le Général d’armée Assimi Goïta garde son Premier ministre malgré son discours d’incendiaire ou de clarification. « Il a en Choguel un bouclier politique et un conseiller avisé. Choguel a derrière lui 43 ans de vie politique. Il connaît la classe politique et l’histoire politique du Mali sur le bout des doigts », a evoqué l’analyste, soulignant que « le premier ministre actuel est l’un des rares hommes politiques maliens capables de tenir la dragée haute aux puissances occidentales qui entendent faire payer au Mali sa politique d’émancipation nationale ».
Dans la foulée de cette pluie de demande de démission du premier ministre, Djo Dama de l’emblématique groupe de rappeur ‘’Tata Pound’’ se joint également à Me Cheick Oumar Konaté pour déconseillé le Président de la transition à se débarrasser de son Président du M5-RFP. « Entre les amis ou les partenaires, le torchon brûle souvent, mais ce discours ne doit pas être un facteur de rupture entre Choguel et la transition », a déclaré cet artiste.
Contrairement à ces deux avis susmentionnés, les mouvements politiques et les partis politiques proches des militaires exigent le départ du premier ministre. « Le Collectif pour la défense des militaires condamne avec la dernière rigueur les propos du Premier ministre Dr Choguel Kokalla Maïga et exige sa démission pour haute trahison dans un délai de 72h », a réclamé ce mouvement politique proche des autorités militaires dont les exigences ont été souvent satisfaites dans le passé. Très furieux contre la sortie incendiaire du chef du gouvernement de la transition, cette organisation lui reproche d’avoir « trahi sa mission et de s’inscrire désormais dans une logique de délation des autorités de la transition ».