‘’Nous avons le devoir de préserver les acquis démocratiques’’ (Youssouf Camara, UFDG)
A un mois de la fin de la transition, prévue le 31 décembre 2024, il y a encore des interrogations et des incertitudes quant aux intentions de la junte militaire de respecter ses engagements pris le 5 septembre 2021.
Pendant que plusieurs formations politiques ont été dissoutes, certaines suspendues, d’autres mises en observation par le Ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation, sous prétexte d’un assainissement du paysage politique, nous avons tendu notre micro à un acteur politique pour en savoir plus ce qu’on pourrait attendre dans les prochains jours.
Dans cet entretien exclusif, Youssou Camara, membre du Bureau Exécutif de l’UFDG (l’une des principales formations politiques du pays), qui est également le Secrétaire Fédéral de l’UFDG de Matam 2, estime qu’il est du devoir du peuple de Guinée de résister face à l’oppression en vue de la préservation des acquis démocratiques.
Lisez !
Guinafnews : Bonjour Youssouf Camara,
Youssouf Camara : Bonjour.
Après plus de 3 ans de gestion du CNRD, nous sommes à quelques semaines de la fin de la transition, prévue théoriquement le 31 décembre 2024. A date, nous sommes à la phase de la vulgarisation de l’avant –projet de la nouvelle Constitution. Quelle lecture faites-vous de la situation socio-politique en Guinée ?
C’est une haute trahison de la part du cnrd de par le non respect de ses engagements de finaliser la transition à la date du 31 décembre 2024. Ce refus d’organiser les élections à cette date est une volonté manifeste de la junte de confisquer le pouvoir par la force. La question de la vulgarisation est une fuite en avant en ce sens que tout le monde sait que ce texte est taillé sur mesure et dont l’unique objectif est de maintenir la candidature du chef de la junte en cas d’élections présidentielles. La déception est perceptible au sein de l’opinion nationale et internationale.
On a tendance à croire aujourd’hui qu’il y a une démission des hommes politiques ou une peur au ventre de faire face à la junte militaire après la disparition des activistes de la société civile et l’exil des principaux leaders politiques. Qu’en est-il exactement ?
Ce n’est pas une question de peur, vous savez en politique il faut être stratège quand l’adversaire fait régner la violence et la terreur au sein de la population. L’opposition se prépare intelligemment pour faire face à ce braquage de la démocratie
Le Ministre de l’Administration du territoire et de la Décentralisation (MATAD) a entamé un nettoyage systématique du paysage politique guinéen avant les prochaines échéances électorales. Ça vous inquiète en tant qu’acteur politique ?
En période de transition les institutions issues d’un coup d’état n’ont aucune légitimité de dissoudre les partis politiques. Cette décision est illégale ! La seule mission du département du MATD est d’appuyer l’organisation des élections pour la finalisation de la transition.
Votre formation politique (UFDG) qui est sous observation peine encore à organiser le Congrès pendant ce temps le Président du parti est en exil. Que peut-on s’attendre dans les prochaines semaines ?
Cette mise en observation est un non événement, nous sommes la plus grande formation politique du pays et la mieux structurée. Nous continuons tranquillement au renouvellement de nos structures à la base.
Le CERAG d’Ousmane Gaoual continue à se faire entendre et promet de prendre part au Congrès malgré son exclusion du parti. Faut-il craindre un bicéphalisme à la tête de l’UFDG avant les prochaines échéances électorales ?
Par rapport au mouvement Cerag c’est un non événement pour l’ Ufdg, quand tu veux prendre la tête d’une formation politique tu dois battre campagne auprès des structures à la base c’est à dire les fédérations de l’intérieur et de l’extérieur. Mais si tu crées un mouvement non reconnu par le parti et vouloir prétendre briguer la présidence du même parti c’est paradoxal. Aujourd’hui Ousmane Gaoual est dans la logique de tentative de déstabilisation du parti en faveur du CNRD tout en soutenant la candidature du Général Doumbouya
Les Forces vives de Guinée ne comptent pas reconnaitre le CNRD au delà du 31 décembre 2024.Quels sont selon vous, les risques et les scénarios possibles après le glissement du calendrier électoral?
Je ne saurai dire ce qui va se passer exactement à cette date pour des questions de stratégie La conséquence directe de cette déclaration est la non reconnaissance des organes de la transition et d’autres dispositions très concrètes seront prises dans les semaines à venir donc restez à l’écoute.
Que dire des Mouvements de soutien pour la candidature du Général Mamadi Doumbouya qui s’installent un peu partout dans le pays ?
Les Mouvements de soutiens sont des structures démagogiques et budgétivores de l’argent du contribuable guinéen et c’est les mêmes qui ont fait échouer la transition du cndd en 2008.
Pensez-vous que Doumbouya puisse réussir là où Dadis avait échoué en 2010 ?
Le Général Doumbouya à déjà échoué dans la conduite de cette transition à partir du moment où il ne respecte pas le délai de finaliser cette transition tout en prenant la décision de confisquer le pouvoir. J’avoue que ce projet ne marchera pas. Le peuple sortira victorieux.
C’est pour toutes ces raisons que nous appelons le peuple de Guinée à la vigilance, face à la violence d’état et l’insécurité à travers les méthodes de kidnapping et d’enlèvement des opposants et des pauvres innocents. Le peuple a le devoir de résister face à l’oppression. Nous avons le devoir de préserver les acquis démocratiques.
Youssou Camara merci
C’est à moi de vous remercier
Entretien réalisé par Abdoul Wahab Barry