Guinée : des poursuites pour « assassinats » engagées contre l’ex-président Alpha Condé
Le procureur général de Conakry, nommé par la junte au pouvoir en Guinée depuis 2021, a annoncé mercredi des poursuites contre l’ex-président Alpha Condé et une trentaine d’anciens hauts responsables sous sa présidence, notamment pour assassinats, actes de torture et enlèvements.
Le procureur général de Conakry, Alphonse Charles Wright, a annoncé mercredi 4 mai des poursuites contre l’ex-président Alpha Condé et une trentaine d’anciens hauts responsables sous sa présidence, notamment pour assassinats, actes de torture et enlèvements.
Parmi les personnalités visées par les poursuites figurent un ancien président de la Cour constitutionnelle, d’anciens présidents de l’Assemblée, un ancien Premier ministre et une foule d’anciens ministres, députés et responsables des services de sécurité, selon une liste communiquée à des journalistes.
Le magistrat a donné « instructions aux fins de poursuite judiciaire par voie de dénonciation » contre l’ex-président Alpha Condé, renversé par les militaires en septembre 2021, et 26 autres personnalités pour « meurtre, assassinat et complicité« , disparitions forcées, détentions, enlèvements, acte de torture, coups et blessures volontaires, viols et agressions sexuelles ou encore actes de pillage.
Au vu des réquisitions du procureur général, les investigations paraissent viser essentiellement les deux dernières années de la présidence Condé.
Protestation contre un troisième mandat d’Alpha Condé
Le magistrat a précisé dans un message à l’AFP que les poursuites étaient lancées à la suite d’une plainte du Front national de défense de la Constitution (FNDC), un collectif qui a mené pendant des mois à partir d’octobre 2019 la contestation contre un troisième mandat d’Alpha Condé.
La répression de ces protestations a fait des dizaines de morts, quasiment tous civils. Cette mobilisation n’avait pas empêché Alpha Condé, devenu en 2010 le premier président démocratiquement élu après des décennies de régimes autoritaires ou dictatoriaux, d’être réélu en octobre 2020 après avoir fait modifier la Constitution en début d’année.
Le FNDC n’a cessé depuis de réclamer justice. La plainte déposée en janvier en son nom par un cabinet français d’avocats désignait le Président comme principal responsable des violences.
Alpha Condé, 84 ans aujourd’hui, a été renversé le 5 septembre lors d’un putsch conduit par le colonel Mamady Doumbouya à la tête de ses forces spéciales. Gardé prisonnier par les militaires après le putsch, il avait été autorisé en janvier à se rendre mi-janvier aux Émirats arabes unis pour être soigné. Il est rentré en Guinée depuis. La junte assure qu’il est libre de ses mouvements.
Depuis le coup d’État de septembre 2021, le colonel Doumbouya s’est fait introniser président. Il s’est engagé à remettre le pouvoir à des civils élus a assuré en prenant le pouvoir qu’il n’y aurait pas de « chasse aux sorcières« , mais que la justice serait la « boussole » du pays.
Avec AFP
(*) In. https://www.france24.com/fr/afrique/20220504-guinee-des-poursuites-pour-assassinats-engages-contre-l-ex-president-alpha-conde