Chronogramme de la transition : Le tour de force de l’horloger (édito djoma Mognouma)
Le chef de la junte a fini par donner une indication au temps qu’il souhaite passer à la tête du pays. Cela, huit mois après le coup d’Etat du 05 septembre.
C’était il y a une semaine dans un discours qui tranche avec le ton guerrier que l’homme du 05 septembre, enfilant son battle-dress, ne se faisait point l’économie pour répondre à l’attitude de défiance de la classe politique qui a décidé de le snober.
Cette durée à propos de laquelle les militaires ne semblent rien concéder aux contestataires était attendue par les acteurs concernés avec des piques et des fourches. Elle peut d’ailleurs s’allonger au gré d’initiative de dialogue factice qui doit tout baliser . Définir les TDR, engager la mise en œuvre dudit chronogramme.
Ainsi , ni la bonne parole prêchée dans le discours, ni l’exercice d’explications à l’initiative du gouvernement afin de faire accepter la fameuse proposition, n’a pu altérer les réactions colériques dans l’opinion, du moins pour le moment, contre les Trente-neuf mois qui sonnent comme une intention inavouée de faire durer la transition.
Pourtant, il faut avoir un minimum de consensus avant les retrouvailles des chefs d’Etat de la sous-région qui ont sonné le tocsin et agité la menace d’une sanction contre le jeu d’échecs de la junte au pouvoir en Guinée.
Dans ces conditions, difficile de trouver ce consensus sollicité par les militaires quand les acteurs les soupçonnent d’avoir des intentions inavouées ou d’agir contre eux à travers des instruments juridiques mis en place. Ces instruments juridiques, le Colonel-Président ne veut pas s’en priver. Il croit à la capacité de dissuasion et à la force d’anéantissement des velléités de ceux-ci.
Au pic des contestations, tel un horloger, le CNRD brandit la menace de poursuite contre les auteurs et commanditaires des crimes de sang qu’il y a eu sous le régime défunt. En même temps, on veut poursuivre les plaignants, le FNDC devenu gênant. Tout le gotha de la classe politique et de la société civile est à cet effet concerné.
Ca peut paraitre du dilatoire. Et le risque d’une coalition pour mener un combat d’intérêt commun en vue d’échapper aux griffes de l’ennemi déclaré n’est pas à exclure.
En attendant, au-delà de la contestation de la date par l’opinion nationale, le CNRD doit pouvoir convaincre la CEDEAO qui est d’ordinaire très répulsive des transitions de longue durée.