Comme dans un match de football qui l’oppose aux Forces vives de la Guinée, la transition a encore, mis à son actif, trois morts! Le pouvoir a réalisé cette nouvelle prouesse, ce lundi 6 décembre, dans une répression contre une manifestation de rue, organisée pour dire non à la prolongation de la transition, dont le terminus était programmé pour le 31 décembre 2024. Les victimes de ce lundi, à en croire des sources des Forces vives de la Guinée, ont, toutes, succombé par balles, comme le jeune de 20 ans, Mamadou Baïlo Sidibé.
Si, depuis, le début de la protestation contre une transition aux contours flous, et qui s’étire sans fin, la comptabilité macabre n’a pas encore atteint les 150 morts des massacres du 28 septembre 2009, et connu plus de la centaine de femmes violées à ciel ouvert, elle n’en gonfle pas moins. Pourtant, le procès de cette tuerie attribuée aux Forces de défense sous l’ordre de l’ancien président Moussa Dadis Camara, est encore frais dans les mémoires des Guinéens, tout comme les atrocités qui ont marqué cette journée noire du 28 septembre, au stade éponyme. Le capitaine qui était rentré de son exil burkinabè, et disait, à qui voulait l’entendre, vouloir apporter sa part de vérité, affirmant ne rien avoir à se reprocher, a écopé de 20 ans de prison pour ces crimes d’une rare barbarie.
Dadis Camara, ne voudra sans doute plus jamais, s’il en a encore l’occasion, vouloir s’accrocher à un pouvoir qu’il avait pourtant dit ne pas vouloir, lorsqu’il l’arrachait, à la mort, le 22 décembre 2008, du général Lansana Conté. Après avoir joué les justiciers, dans ses indescriptibles «Dadis show», le futur exilé de Ouaga avait fini par succomber aux charmes du pouvoir et tenait, par tous les moyens, à prendre part à une élection présidentielle qu’il était certain de remporter, dès qu’il aura mis sous éteignoir, les voix dissidentes. Sauf que le peuple et les opposants ont contrarié son plan. Et ce qui devait arriver, arriva, malheureusement pour tous ces innocents, morts et violés, pour avoir dit nom à l’arbitraire.
L’histoire va-t-elle se répéter en Guinée? Il faut espérer que non, même si les ingrédients sont en train de se mettre en place. Petit florilège: un autre «sauveur» est né, et a sorti le peuple des griffes du régime de fer et du 3e mandat du Professeur Alpha Condé, un certain 5 septembre 2021. Il déclare à l’opinion nationale et internationale, que ni lui, ni aucun autre membre de la transition, ne prendra part à l’élection qui devrait ouvrir la voie au retour à un pouvoir civil en Guinée. Mais, de plus en plus, sans que lui-même n’en parle, les proches du «sauveur» ont déjà annoncé que celui-ci qu’il doit pouvoir prendre part au scrutin, afin de se donner une virginité par les urnes. La menace et la peur d’une Guinée, qui se rapprochent, dangereusement, des événements meurtriers de septembre 2009, sont dans l’air avec les répressions violentes de manifestations, les arrestations sans mobiles, les morts inexpliquées, les disparitions de citoyens et la chasse sans limite aux leaders crédibles contraints à l’exil, etc., sont des signaux bien alarmants.
Et ce n’est pas le patron du Mouvement démocratique libéral (MoDel), Aliou Bah qui verra en vert, le présent et l’avenir politiques de la Guinée, lui qui vient d’être envoyé derrière les barreaux, ce mardi, pour «offense et diffamation» à l’encontre du chef de la transition, Mamadi Doumbouya. Il aurait appelé les chefs religieux à sortir contre la situation en Guinée et aurait qualifié d’«incompétent», le Comité national du rassemblement pour le développement, le CNRD du général Doumbouya. Encore une victime de la transition, dont le sort est peu enviable, surtout que la fameuse communauté internationale, prête à condamner les coups de force au Sahel, reste muette comme une carpe sur la situation en Guinée! Les mêmes causes ont toujours produit les mêmes effets, dit l’adage!
Par Wakat Séra
Source: https://www.wakatsera.com/guinee-des-morts-et-un-nouveau-prisonnier-pour-la-transition/