Contre La sansure

« Le Sénégal a réussi sa transition grâce à une véritable alternance démocratique et non par une transition militaire interminable. »

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Ma réplique à M. Pépé Francis Haba, Président du parti UGDD

Monsieur HABA,

Je viens de vous lire et je dois dire que je suis sidéré par votre arrogance et votre mépris des faits. Votre analyse, pleine de contradictions et de jugements partiaux, semble plus un exercice de justification personnelle qu’une véritable réflexion sur les enjeux politiques réels de la Guinée. Permettez-moi donc de vous répondre avec toute la clarté nécessaire.

Vous affirmez que les Forces Vives de Guinée ne peuvent réussir parce qu’elles auraient échoué auparavant. Mais depuis quand l’échec d’hier condamne-t-il définitivement les acteurs politiques ? La politique n’est pas un parcours linéaire, et l’histoire regorge d’exemples de leaders ayant transformé des échecs passés en victoires éclatantes grâce à la persévérance et aux leçons tirées. Votre argument démontre une incapacité à comprendre la dynamique du changement social et politique.

Vous prônez le dialogue comme une arme indispensable. Mais de quel dialogue parlez-vous ? Celui où le CNRD impose ses volontés sans concession ? Ou celui où les forces politiques et sociales sont tenues à l’écart des véritables décisions ? Un dialogue authentique repose sur l’inclusion et la sincérité, pas sur une soumission déguisée à des diktats.

Vous évoquez 2010, 2015 et 2020 pour justifier votre mépris des Forces Vives. Mais vous oubliez commodément les contextes : en 2010, une élection marquée par des manipulations ethniques et des irrégularités reconnues ; en 2015, la centralisation du pouvoir par un régime autoritaire a empêché une véritable alternance ; et en 2020, le FNDC, que vous mentionnez avec nostalgie, a été violemment réprimé par le régime que vous semblez défendre. Où étiez-vous à ce moment-là ?

Vous semblez glorifier le CNRD comme le sauveur du peuple guinéen. Mais que constate-t-on réellement ? Une confiscation prolongée du pouvoir, une transition interminable et une absence de transparence dans la gestion de cette période cruciale. La « nouvelle génération » que vous évoquez n’a rien de nouveau si elle perpétue les mêmes pratiques antidémocratiques.

Les termes que vous utilisez pour qualifier les Forces Vives – « échecs », « isolation », « jalousies », « égoïsme » – traduisent une volonté délibérée de discréditer des acteurs qui représentent une partie significative de la population. Votre manque de respect envers ces figures révèle une arrogance politique qui n’a rien de constructif.

Comparer des acteurs politiques à des « Mercedes rouillées » est une métaphore simpliste et méprisante. Ces « Mercedes » ont été celles qui, malgré leurs failles, ont permis des avancées importantes. Peut-on en dire autant du CNRD ou de votre propre parti, l’UGDD, dont l’impact demeure encore marginal ?

Vous citez l’exemple du Sénégal pour appeler les anciens leaders à « passer le flambeau ». Mais le Sénégal a réussi sa transition grâce à une véritable alternance démocratique et non par une transition militaire interminable. Si vous voulez réellement inspirer une réflexion, commencez par exiger du CNRD un calendrier clair et une ouverture sincère à tous les acteurs.

Comme le dit un proverbe africain : « Quand le mensonge prend l’ascenseur, la vérité prend l’escalier, mais elle finit toujours par arriver. » À méditer.

Abdoul Karim Diallo, Ex Fédéral UFDG-UK

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