Depuis que Mamadi Doumbouya et le CNRD ont pris le pouvoir en Guinée, j’entends souvent cette phrase :
“C’est Dieu qui donne le pouvoir.”
Beaucoup de gens répètent ça pour justifier ce qui se passe. Mais soyons honnêtes : est-ce que ça veut dire que tout est bon, du moment que quelqu’un prend le pouvoir ? Même par la force ?
Moi, chaque fois que j’entends cette phrase, je me pose des questions :
Si c’est Dieu qui décide de tout, alors pourquoi avons-nous une Constitution ? Pourquoi organisons-nous des élections ? Pourquoi parler de démocratie ? Pourquoi se battre pour la justice et les droits si tout est déjà écrit ?
Ce genre de discours nous endort. Il nous pousse à rester les bras croisés, comme si on ne pouvait rien changer. Si Dieu donne le pouvoir, alors à quoi bon se battre contre l’injustice ? Pourquoi dénoncer la corruption ? Pourquoi demander des comptes à ceux qui nous dirigent ?
Quand on regarde notre histoire, on voit que les mêmes personnes disaient hier qu’Alpha Condé avait été choisi par Dieu, et avant lui Sekouba Konate, Dadis Camara, Lansana Conté et Sekou Touré. Maintenant c’est Mamadi Doumbouya. Donc en fait, peu importe qui est au pouvoir, on dit toujours que c’est Dieu qui l’a mis là ? Peu importe comment il est arrivé ?
Mais attention : notre religion, l’Islam, ne dit pas ça.
L’Islam parle de justice, de responsabilité, de consultation. Le Prophète Muhammad (PSL) a dit :
“Chacun d’entre vous est un berger, et chacun est responsable de son troupeau.”
Cela veut dire que même les dirigeants doivent rendre des comptes au peuple.
Dans l’Islam, il y a le concept de Bayah, c’est-à-dire l’allégeance au dirigeant. Mais cela ne se donne pas à n’importe qui, et surtout pas à quelqu’un qui prend le pouvoir par la force. C’est un contrat entre le peuple et le dirigeant. Le peuple a son mot à dire.
Le grand Calife Omar 2eme Calife de l’Islam disait aussi :
“Si vous me voyez faire une erreur, corrigez-moi.”
Même lui, un des plus grands compagnons du Prophète, ne se croyait pas au-dessus du peuple.
Le Coran dit aussi clairement :
“Dieu ne change pas la condition d’un peuple tant que ce peuple ne change pas ce qui est en lui-même.” (Sourate Ar-Ra’d, verset 11)
Donc, ce n’est pas en attendant un miracle venu d’en haut que notre pays va avancer. C’est à nous d’agir, de choisir nos dirigeants, de leur demander des comptes.
Arrêtons de dire “c’est Dieu qui donne le pouvoir” juste pour accepter l’inacceptable.
Ce genre de phrase tue notre esprit de révolte, notre courage, notre responsabilité.
La vraie foi, c’est se battre pour la vérité, pour la justice, pour la dignité de chaque citoyen.
Ce n’est pas se soumettre aveuglément à n’importe quel régime.
Alors la prochaine fois qu’on vous dit :
“C’est Dieu qui donne le pouvoir”,
répondez :
“Oui, mais Dieu m’a aussi donné un cerveau, un cœur, une conscience… Et Il m’a demandé d’agir pour le bien, pas de suivre aveuglément n’importe qui.”
Le destin de notre pays est entre nos mains, pas dans celles d’une providence qui choisirait les chefs à notre place.
En tant que Guinéens, soyons debout. Réveillons-nous. C’est à nous d’écrire l’avenir de notre pays, inshaaAllah.
Abdoul Karim Diallo
« La foi, c’est agir pour la justice, pas accepter l’inacceptable. »