Contre La sansure

POUR BAADIKO, LE CNRD « C’EST LA CONTINUATION DU PROGRAMME D’ALPHA CONDÉ… »

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Suite et fin de l’entrevue que Mamadou Baadiko Bah, président de l’UFD, a accordée à Abdoul Malick Diallo d’africaguinée.com (*)

Africaguinen.com Le Cnrd soutient qu’il ne peut pas dialoguer avec une classe politique incapable de s’entendre. Cet argument est-il valable ?

Mamadou Baadiko BAH : Les militaires peuvent bien s’abriter derrière le fait que les politiciens ne s’entendent pas, mais ils ne peuvent pas nous mettre tous dans le même paquet. Le Cnrd ne répond même pas aux documents qu’on leur envoie, il dit simplement en avoir tenu compte. Nous avons dit que la volonté politique n’existe pas. Ils l’ont fait savoir depuis la prise du pouvoir qu’ils ont l’intention de se passer des politiques et d’en favoriser de nouveaux.

Tout le monde a vu qu’ils allaient faire table rase du passé. C’est la continuation du programme d’Alpha Condé qui avait dit qu’il ne laisserait aucun opposant derrière lui et il n’était pas loin de tenir parole, entre les emprisonnements, les interdictions de voyager, les fermetures de siège et tout. C’est un leurre de penser qu’on peut diriger un pays moderne de cette façon avec de petits groupes occultes qui prennent des décisions sans qu’on ne sache sur quelle base, ils se fondent jusqu’à réhabiliter le régime sanguinaire de Sékou Touré. Donc, il y a un problème. On ne peut pas dire que c’est puisque les politiques sont incapables de s’entendre entre eux qu’il ne peut pas y avoir de dialogue.

A son arrivée au pouvoir, il a promis de « tuer l’ethnie » et d’inventer la citoyenneté, mais à regarder de près, selon certains observateurs, on a l’impression que le colonel Mamadi Doumbouya empreinte les pas d’Alpha Condé. Qu’en dites-vous ?

Nous le disons avec force dès après la prise du pouvoir par le Cnrd, nous avions déjà en-tête comment sortir de la communautarisation de la vie politique en Guinée où il y 4 régions naturelles avec des nations qui existaient avant la colonisation. Soixante-trois ans après l’indépendance, la Guinée n’est pas devenue une nation, mais un conglomérat de groupes communautaires. On a dit qu’il faut reprendre tous ces faits de cette période pré-coloniale, où il y a des nations constituées, les mettre ensemble dans le cadre des régions, où on polarise tout sur le développement économique, social et culturel, dans l’unité, dans la fraternité et la paix plutôt que de s’emparer le pouvoir pour dominer les autres et confisquer toutes les richesses du pays pour soi.


Pour de nombreux observateurs le CNRD est en train de chercher des appuis ‘ethniquement’ pour confisquer le pouvoir.

C’est écrit dans un livre “Françafrique : l’échec, l’Afrique postcoloniale en question”, toute tentative de domination interne est vouée à l’échec. L’Afrique a une unité culturelle telle que nous avons toutes les bases pour faire les véritables Etats forts réellement, bien dirigés pour développer nos pays sans recourir à la domination ethnique. Cela a échoué partout, il n’y a pas de raison que cela réussisse en Guinée.

L’effondrement dans la honte du pouvoir Alpha Condé le montre bien où même le peu de choses qu’il a pu faire de positif disparaît dans le flot des actes négatifs, des pillages effrénés de la richesse publique. Que ceux qui enfourchent le cheval là sachent que cette monture va crever. On doit avoir les 4 régions naturelles traitées à égalité quelque soit l’élément numérique là-dans et tous unis pour le développement du pays.

Cinq mois après le coup d’État, le Premier ministre Mohamed Beavogui a annoncé que les caisses de l’État sont vides. Le croyez-vous ?

Quand vous faites un coup d’État, la logique voudrait que vous fassiez immédiatement l’état des lieux pour dire ce qu’on a trouvé dans les caisses. Maintenant, c’est plusieurs mois après qu’on annonce avoir trouvé des caisses vides.

Quelle crédibilité on peut donner à ça ? Le président Alpha Condé dès qu’il est arrivé au pouvoir, il a donné les chiffres. (…) On nous dit que les caisses sont vides c’est tout à fait normal.

On est en situation d’exception, rien ne marche normalement. Il ne faut pas s’attendre à ce qu’une institution internationale sérieuse traite avec un pays qui est sous un régime militaire. Les difficultés iront en s’accroissant. Tout ce qu’on est en train de faire c’est des expédients et ça ne peut pas faire marcher un pays. C’est extrêmement sérieux, tout le monde se plaint qu’il n’y a pas d’argent.

Il y a eu des choses intéressantes, le Cnrd a débloqué beaucoup d’argent pour la route Coyah-Dabola. Le problème est que ça ne peut pas aller bien loin. C’est une gestion d’exception qui ne tiendra pas. Il faut de la transparence, attendre 5 mois pour dire que les caisses sont vides ça ne dit pas qu’est-ce qu’on en a fait de ce qu’on a trouvé. Le gouverneur de la Banque centrale limogé que 5 mois après est inquiété en même temps. Donc, il y a un problème de transparence dans la gestion de la chose publique.

En ne déclarant pas ses biens, le chef de la junte n’a-t-il pas manqué de transparence lui-même ?

Tout le monde sait dans ce pays que c’est l’UFD qui a été à la base de l’insertion de la déclaration des biens dans les textes de 2010. Nous avions été combattus par tous nos amis des Forces vives. Aujourd’hui, toute la société civile, les jeunes, les vieux, personne d’autre que nous ne défend le principe de la déclaration des biens. Chacun veut accéder au pouvoir pour s’enrichir. Lorsque nous avons entendu l’ex ministre de la Justice, Fatoumata Yarie Soumah, poser la question en conseil des ministres, on s’est demandé si elle a soulevé cette question d’elle-même ou c’est le Premier ministre ou le Président qui lui a demandé d’intervenir.

Mais, on tourne en rond comme avec le président Alpha Condé et son équipe en 11 ans. Ils ont fait semblant de déclarer leurs biens, il n’y a jamais eu d’annonces au journal officiel. Donc, nous soupçonnons que le vidage de la ministre ce n’est pas seulement des histoires des bisbilles sur des nominations tarifées, mais c’est également parce qu’elle a mis les pieds dans les plats, à juste titre sur la déclaration des biens. Si le Cnrd veut être pris au sérieux, il ne peut dire qu’il va lutter contre la corruption, l’enrichissement illicite sans déclaration des biens.

Le Cnrd a fait quand même montre de volonté de lutter contre la corruption en mettant en place la Crief. N’est-ce pas un signe encourageant ?

La Guinée étant ce qu’elle est, nous attendons des actes concrets. Est-ce que c’est la vraie justice qui va passer ou c’est une justice sélective, orientée et dans quel délai. Il faut que nos juges montrent qu’ils sont devenus suffisamment indépendants et capables de n’agir qu’avec leur conscience, sur la base du droit plutôt que sur des ordres reçus ou pour plaire. On attend des actes. (…).

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