Le Guinéen est devenu un expert dans l’art de s’apitoyer sur son sort tout en accusant les autres de ses malheurs. Il se déresponsabilise, attend un miracle venu d’en haut, et rêve d’un super-héros à la tête de l’État capable de transformer la misère en paradis. Cette posture passive, presque fataliste, est en réalité une démission collective.
Regardons l’histoire récente du pays :
- Sékou Touré et son PDG ont accusé le colon blanc de tous les maux.
- Lansana Conté et le PUP ont pointé du doigt le PDG.
- Alpha Condé et son RPG ont accusé le PUP.
- Aujourd’hui, le CNRD accuse le RPG.
- L’opposition, elle, s’en prend à la communauté internationale. C’est encore la France qu’on accuse. Un vrai cercle vicieux !
À chaque génération, une nouvelle excuse. À chaque régime, un nouvel ennemi. Mais jamais, ô grand jamais, une remise en question sincère.
Et pendant que cette farce se répète à l’infini, une élite sans conviction, sans vision et sans éthique, s’abandonne à la médiocrité. Elle ne sert ni l’État, ni le peuple, ni l’Histoire. Elle sert ses intérêts. Point.
Tout est bon tant que ça m’arrange. Voilà la devise non officielle de nos dirigeants, de nos cadres, de nos soi-disant intellectuels. L’indignation est à la carte, l’engagement est opportuniste, la loyauté est temporaire.
Le drame est là : ce pays est plombé non seulement par l’inefficacité de ses gouvernants, mais aussi par la lâcheté morale de ceux qui savent… et se taisent.
Le Guinéen veut que ça change, mais refuse de changer. Il veut la justice, mais applaudit l’injustice quand elle frappe son adversaire. Il veut la transparence, mais applaudit la ruse quand elle profite à son camp. Il veut le progrès, mais hait la rigueur.
Ce pays ne sera sauvé ni par un discours, ni par un costume militaire, ni par un référendum. Il ne sera sauvé que lorsque chaque Guinéen, humble ou puissant, acceptera de voir sa propre part de responsabilité dans le naufrage.
Le sursaut ne viendra pas d’en haut. Il viendra d’un réveil collectif, brutal mais salvateur :
“Et si le problème, c’était moi ?”
A bon entendeur salut ! D’ici-là, merci de contribuer au débat.
Elhadj Aziz Bah
Entrepreneur, auteur et expert en transformation stratégique
Caroline Du Nord, USA
Note de l’auteur : Acceptons la pluralité d’idées. Pas d’injures, et rien que d’arguments.
À propos de l’auteur
Elhadj Aziz Bah est un stratège en transformation organisationnelle et un expert reconnu en gouvernance et leadership adaptatif. Formé à la prestigieuse MIT Sloan School of Management, où il a obtenu un Executive MBA, il a bâti une carrière internationale dans la finance, l’assurance et la santé avant de se consacrer à l’accompagnement des institutions publiques et privées. Spécialiste de l’agilité stratégique et de la performance des systèmes complexes, il intervient comme expert consultant auprès de gouvernements, d’ONG et de multinationales engagées dans la refonte de leurs modèles de gouvernance et de développement.
Il est également l’auteur du livre à succès « 8 clés pour la croissance personnelle et l’épanouissement », un ouvrage de référence qui allie introspection, discipline et vision pour accompagner les leaders et les citoyens dans leur cheminement personnel et professionnel.
Entrepreneur, analyste engagé et fervent défenseur de la rigueur institutionnelle, Elhadj Aziz Bah mobilise son expertise pour faire avancer les débats publics avec exigence, lucidité et ambition.