Contre La sansure

Difficile d’être homosexuel au Sénégal (*)

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Au Sénégal où « l’affaire Gana Gueye » fait grand bruit, la communauté LGBT se plaint d’une montée des discriminations.

A la suite de son refus présumé de s’associer à la lutte contre l’homophobie en portant un maillot aux couleurs LGBT, le joueur du Paris Saint-Germain, Idrissa Gana Gueye, a reçu un soutien important au Sénégal, à commencer par celui du président Macky Sall. Le Sénégal où la communauté LGBT se plaint d’une montée des discriminations. Dernier incident en date : une possible agression collective homophobe sur laquelle une enquête a été ouverte. Une vidéo de l’agression qui serait survenue mardi à Dakar circule sur les réseaux sociaux.

Difficile d’affirmer pour l’heure que cette agression ait été suscité par la controverse autour d’Idrissa Gana Gueye. Quoiqu’il en soit, si le jeune homme de la vidéo a été agressé, c’est notamment à cause de son apparence, selon un témoin présent sur les lieux qui a pris sa défense.

« Les gens disaient qu’il était gay parce qu’il portait une perruque et des vêtements efféminés. Mais je n’ai rien vu de tout cela et c’est pourquoi je ne l’ai pas laissé se faire intimider » explique ce témoin qui a requit l’anonymat. L’homme a néanmoins été battu par une foule qui s’en est pris violemment à lui.

Une recrudescence des actes homophobes

Au Sénégal, pays musulman à 95% et très pratiquant, où les relations homosexuelles sont passibles d’un à cinq ans d’emprisonnement, les membres de la communauté LGBT disent faire face à une recrudescence des agressions et propos homophobes ces dernières années.

Beaucoup d’entre eux sont contraints de vivre dans le secret et craignent d’être découverts. D’autre ont même dû s’exiler.

 

Au Sénégal les relations homosexuelles sont passibles d'emprisonnement (Photo d'illustration)
Au Sénégal les relations homosexuelles sont passibles d’emprisonnement (Photo d’illustration)

 

L’homosexualité est par ailleurs décriée comme un instrument employé par les Occidentaux pour imposer des valeurs qui seraient étrangères à la culture et aux traditions sénégalaise. Un point de vue qui revient avec récurrence avec l’affaire Gana Gueye qui, en France, est sommé de s’expliquer sur son attitude.

Une question de liberté

Pour certains Sénégalais comme Soukeyna Touré, la position du joueur, qui ne s’est pas exprimé pour le moment, doit être respecté.

« Ils (les Français ndlr) prônent leur liberté d’expression, leur liberté de choix, il faudrait qu’ils comprennent aussi qu’il y a d’autres gens qui ne les jugent pas, qui acceptent de les côtoyer mais qui n’adhèrent pas à leur philosophie, c’est une question de liberté. Que chacun respecte l’autre et les choses seront assez simples. Mais aujourd’hui si on y va aux jugements, de sanctionner l’autre parce qu’il n’accepte pas, c’est compliqué et ça peut apporter d’autres maux plus graves » précise Soukeyna Touré.

Alors que le Sénégal est souvent cité en exemple d’Etat de droit en Afrique, les autorités ont toujours invoqué les spécificités culturelles sénégalaises pour refuser une dépénalisation de l’homosexualité. Une position qu’elles n’hésitent pas à défendre même devant des dirigeants étrangers.

Par Carole Assignon

dw.com/fr

(*) In. https://www.dw.com/fr/senegal-homophobie-lgbt-idrissa-gana-gueye-homosexualite/a-61869232

 

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