La vérité sociale écrase toujours la vérité politique
Il est temps de le dire sans détours : trop de nos dirigeants vivent dans l’illusion que la politique peut effacer la réalité. Ils se trompent. Et leur entêtement à confondre vérité sociale et vérité politique est une insulte au peuple.
La vérité sociale, elle, ne se négocie pas. Elle se vit dans les marchés où les prix flambent pendant que les ministres paradent dans leurs cortèges. Elle se voit dans les villages sans eau, sans électricité, pendant que des élus se disputent des privilèges. Elle se ressent dans les hôpitaux où l’on meurt faute de soins, pendant que l’État dilapide des milliards en cérémonies de prestige.
Mais nos leaders, eux, préfèrent la vérité politique : des chiffres truqués, des bilans fictifs, des discours triomphants devant des foules affamées. Ils croient que les slogans couvrent le grondement du ventre vide. Ils croient que les statistiques maquillées effacent le chômage de nos jeunes. Ils croient que la propagande fait taire la colère. Quelle erreur !
Je pense ici à ces gouvernements qui publient des résultats économiques ‘’exceptionnels’’ pendant que les citoyens s’appauvrissent chaque jour davantage. À ces opposants qui, au lieu de défendre la souffrance sociale, transforment la rue en théâtre de leurs ambitions personnelles. À ces élus qui se disent ‘’représentants du peuple’’ mais qui ne représentent qu’eux-mêmes et leurs clans.
Je les plains tous, car ils oublient une vérité simple : la faim ne se manipule pas. Le chômage ne se maquille pas. La souffrance ne se camoufle pas. Vous pouvez censurer la presse, acheter des consciences, manipuler des institutions, mais vous ne pourrez jamais bâillonner la vérité sociale.
Et l’histoire est impitoyable. Les peuples ne pardonnent pas longtemps à ceux qui méprisent leur douleur. Gouverner en ignorant la vérité sociale, c’est gouverner contre son peuple. Et c’est signer sa propre condamnation.
À vous, dirigeants de ce pays, je le dis clairement : sortez de vos bulles, arrêtez vos mascarades. Le peuple n’a plus besoin de vos fables, il exige des actes. Sinon, ce n’est pas l’opposition qui vous fera tomber, ni des puissances étrangères : c’est la vérité sociale, implacable, qui vous jugera et vous renversera.
Boubacar Dieng
