Le Général qui fond plus vite que Simandou
Il voulait refonder la Guinée. C’est lui-même qu’il a refondue.
À force de manipuler le fer de Simandou, le général semble avoir fondu avant la première coulée. On ne sait plus s’il incarne la transition ou s’il en porte le deuil. Son boubou blanc, brodé du mirage “Simandou 2040”, n’a rien d’un habit de conquête : c’est un linceul de propagande.
Le visage s’est creusé, le regard s’est vidé, la posture s’est figée.
On y lit le poids des illusions vendues au peuple, les nuits d’insomnie entre deux flatteries ministérielles, et la digestion lente d’un pouvoir devenu indigeste. Il n’a plus la carrure d’un chef : il a l’air d’un homme qui a compris trop tard que régner sans légitimité, c’est mourir à petit feu sous les applaudissements forcés des courtisans.
Les meetings de propagande qui se multiplient dans le pays ressemblent à des messes d’adieu déguisées en célébration. Les banderoles crient “espoir”, les chants disent “victoire”, mais les visages traduisent la peur. Même le soleil semble douter.
Et pendant que les bénédictions s’achètent à coups de billets usés, le patrimoine national se dilapide dans des mirages de béton et des promesses de rails qui n’arrivent jamais.
“Simandou 2040” : quel aveu !
Lui qui n’a pas tenu quatre ans nous parle déjà de quinze. Comme si l’horizon lointain devait compenser le gouffre présent. Comme si les affiches pouvaient remplacer les institutions. Comme si le fer du sol pouvait faire oublier le plomb dans les consciences.
Le général fond, mais sa mise en scène s’épaissit. Il maigrit à mesure que la propagande grossit. Le pays devient un théâtre où les figurants sont forcés d’applaudir. Et chaque sourire officiel sonne comme une sonnette d’alarme.
Alpha Issagha Diallo
L’insomnie du régime et la migraine du mensonge, cauchemar poli des dictateurs fatigués
