La contribution financière, très modeste, apportée par Mamou au montant de la caution exigée pour la candidature du Général Mamadi Doumbouya, prônée par ceux qui en ont fait leur cheval de bataille, est riche d’enseignements.
D’abord, elle montre que dans cette ville, la mobilisation s’est limitée à la bonne volonté de quelques citoyens. Aucune aide extérieure, aucun financement occulte n’a été observé. Ce geste révèle donc le niveau réel d’adhésion à un projet politique incertain dans une localité pourtant fortement peuplée, mais visiblement peu disposée à s’y engager.
Ensuite, la somme dérisoire collectée (Trois millions Deux cents Vingt cinq mille 3 225 000 francs, environ 320 euros ou 380 USD) illustre la précarité qui règne aujourd’hui dans le pays. Et si Mamou, cette ville-carrefour historiquement acquise à l’UFDG et à son président Cellou Dalein Diallo, avait voulu, à travers ce geste symbolique, envoyer un message clair ? Celui que les chiffres mirobolants annoncés ailleurs ne sont que pure fiction, fruits d’une machination clientéliste soigneusement orchestrée.
Pourtant, Mamou ne manque pas de ressortissants influents au sein de l’État et de l’administration, tout comme d’autres régions bien représentées dans la sphère dirigeante. Si elle n’a pas voulu se prêter à la surenchère, c’est sans doute pour rester fidèle à son image : une ville authentique, sincère et lucide dans une Guinée où ces valeurs deviennent rares.
La démagogie, qui se répand comme une traînée de poudre à travers le pays, menace de détourner la transition de ses objectifs et de tromper des autorités qui, au départ, semblaient animées de bonnes intentions.
Mais à force d’entretenir l’illusion, le réveil risque d’être brutal. Et surtout, violent.
Souleymane SOUZA KONATÉ
