Présidentielle en Guinée Bissau: coup KO ou prolongations?
Alors que les Bissau-Guinéens attendent avec impatience les résultats des élections générales pour lesquelles ils sont sortis nombreux, ce dimanche 23 novembre, les supputations vont bon train, notamment en ce qui concerne la présidentielle qui focalise tous les intérêts.
Si pour certains Umaro Sissoco Embalo a déjà…emballé la compétition, pour d’autres, le match est loin d’être fini, et pourrait connaître des prolongations. Certes, le président sortant est donné favori, surtout en l’absence de challenger issu de l’historique et mythique Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), privé d’élections. Toutefois, le candidat indépendant, Fernando Dias Da Costa, peu connu, jouis du soutien indéfectible et massif de la formation politique qui a porté l’indépendance de ce pays géographiquement petit, mais possédant, cependant, une histoire politico-militaire d’une rare densité. Toute chose qui continue de faire croire que la partie sera serrée entre Embalo et son adversaire. Mais, les partisans du président sortant affichent un optimisme sans limite pour une victoire de leur champion dès le premier tour. En Afrique, rares étant les scrutins perdus par leurs organisateurs, les pronostics vont, logiquement, pour le président candidat à sa propre succession. Sauf miracle donc, le match sera plié dès le premier tour et le second mandat d’Umaro Sissoko Embalo dans la poche.
Mais quel goût aura la victoire du président de la Guinée Bissau, qui, à l’instar de certains de ses pairs africains, a usé de la stratégie de la mise à l’écart de l’opposition véritable pour parvenir à ses fins? «A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire», énonce, implacable, l’adage. La Cour Suprême a déjà fait le job, ou tout au moins une partie, au profit d’Umaro Sissoko Embalo, en déclarant Domingos Simões Pereira, le leader du PAIGC, inapte à compétir parce que sa candidature n’aurait pas été déposée dans le temps requis. C’est dire que, quel que soit l’éclat que les gagnants, si c’est le camp au pouvoir prêtera à son succès par les urnes, celui dont l’élection à la présidentielle de 2019 fut déjà à rebondissements, n’aura pas réussi à obtenir son second quinquennat sans contestation. Sauf que la règle des résultats contestés par l’opposition est établie depuis des lustres et est loin d’être l’apanage de la Guinée Bissau. Tout comme la stratégie d’empêcher les opposants, par justice interposée, de s’aligner sur la ligne de départ pour aller à la conquête du fauteuil présidentiel! La Côte d’Ivoire d’Alassane Ouattara, le Cameroun de Paul Biya, et bientôt la Guinée du général Mamadi Doumbouya et le Bénin de Patrice Talon, pour ne citer que ces pays, ont expérimenté, cette méthode d’une efficacité prouvée, pour faire gagner les dirigeants en place.
Pourvu que le calme qui a prévalu ce dimanche, jour de vote, continue de régner durant la période post-électorale. En tout cas, les Bissau-Guinéens qui attendent de pied ferme, le prochain président, sur la triple lutte contre le trafic de la drogue, de la corruption et surtout de la vie chère, ne lui accorderont, certainement pas, le moindre état de grâce. Sans oublier que les chantiers de la justice sociale et de la cohésion nationale bien mal en point, ne sera pas des moindres, a enclencher et réussir, dans une Guinée Bissau où tout est prioritaire et où l’armée ne met pas du temps à investir la scène politique.
Par Wakat Séra

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