UA-UE : Promesses d’un partenariat stratégique renforcé
L’Afrique s’est affirmée ces dernières années comme un nouvel espace de compétition entre les États-Unis et la Chine, notamment pour l’accès aux minerais critiques. La Russie s’est aussi imposée comme le partenaire sécuritaire privilégié de plusieurs pays africains.
L’Union européenne, dans la foulée de son soutien appuyé au premier sommet du G20 organisé en Afrique ce week-end à Johannesburg, s’efforce d’offrir une alternative fondée sur « une ambition mutuelle ».
Dans leur déclaration finale adoptée mardi, les deux blocs entendent « améliorer la capacité des industries locales à participer aux marchés régionaux et mondiaux » et « diversifier et sécuriser les chaînes d’approvisionnement mondiales, notamment dans le domaine des minéraux stratégiques et critiques ».
« L’Afrique est riche en ressources naturelles. Des ressources qui sont essentielles pour les transitions énergétique et technologique », a déclaré le président du Conseil européen, Antonio Costa, dans son discours de clôture.
« Mais la plus grande richesse (…) c’est son capital humain et sa jeunesse », a-t-il ajouté, d’où l’importance selon lui de développer des « chaînes de valeur » qui soutiennent l’emploi sur le continent.
L’UA et l’UE s’engagent aussi à « prévenir l’immigration illégale » vers l’Europe, un sujet qui a nourri ces dernières années le discours et les gains électoraux de nombreux partis d’extrême droite sur le Vieux Continent.
La déclaration insiste aussi sur « l’importance de renforcer les voies légales pour la migration et la mobilité », citant notamment les cas des universitaires ou chercheurs.
Un grand nombre d’engagements

L’UE demeure le principal partenaire commercial de l’Afrique : les échanges de biens et de services ont atteint 467 milliards d’euros en 2023, selon Bruxelles.
L’UE et un bon nombre de pays africains essaient de diversifier leurs échanges commerciaux, comme parade aux droits de douane imposés aux uns et aux autres par le président américain Donald Trump.
« L’incertitude croissante des politiques commerciales et la volatilité des droits de douane posent un défi à l’économie mondiale », souligne la déclaration.
« Dans ce contexte, les relations commerciales Europe-Afrique demeurent une source de stabilité », affirment les deux organisations.
Plusieurs observateurs et diplomates africains avaient mis en garde avant le sommet : au-delà des déclarations d’intention, l’Afrique a besoin d’investissements concrets susceptibles d’offrir des emplois à la jeunesse du continent.
« Le sommet a été principalement superficiel, avec de nombreuses déclarations affirmant que le partenariat Afrique-Europe est une priorité absolue », estime Alex Vines, du Conseil européen des relations internationales. « L’accent mis par les Européens sur l’Ukraine rappelle que ce n’est pas le cas », selon M. Vines.
En marge du sommet, les dirigeants européens ont en effet multiplié les consultations sur le plan américain pour mettre fin à la guerre en Ukraine.
Conflits et atrocités au Soudan
Une douzaine de dirigeants européens ont fait le déplacement dans la capitale angolaise, dont l’Allemand Friedrich Merz, le Polonais Donald Tusk et l’Espagnol Pedro Sánchez.
Plusieurs d’entre eux – le chancelier allemand, le Français Emmanuel Macron et l’Italienne Giorgia Meloni – sont repartis dès lundi soir.
Mais pour le ministre portugais des Affaires étrangères Paulo Rangel, le nombre important de dirigeants européens venus à Luanda est un signal politique fort qui a contribué au « succès » du sommet.
La rencontre s’est tenue dans la foulée du sommet du G20 en Afrique du Sud, où le boycott des États-Unis a jeté une lumière crue sur les fractures du monde actuel.
Les deux organisations continentales ont réaffirmé à Luanda leur engagement pour « un multilatéralisme efficace ».
« Il est urgent de sauver le multilatéralisme », a renchéri l’hôte du sommet, le président angolais João Lourenço, évoquant les tensions géopolitiques, commerciales et les conflits en Europe, en Afrique et au Moyen-Orient.

L’UA et l’UE appellent d’ailleurs à une cessation immédiate des hostilités au Soudan et à un accès humanitaire sans entrave dans tout le pays, dénonçant les « atrocités » commises par les paramilitaires soudanais des FSR lors de la prise récente de la ville d’El-Facher.
L’Afrique était représentée par plusieurs chefs d’État, au rang desquels le Sud-Africain Cyril Ramaphosa, le Kényan William Ruto, le Congolais Félix Tshisekedi ou encore Ismaïl Omar Guelleh pour Djibouti.
Le prochain sommet UE-UA se tiendra à Bruxelles, à une date qui n’a pas été communiquée.
La rédaction francophone de la DW

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