Contre La sansure

États-Unis: Donald Trump impose son ordre sur le monde (Le regard d’Ahmed Newton Barry)

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Ahmed Newton Barry, votre regard cette semaine porte sur l’ordre de Trump. Le business, ses favoris et ceux qui ne trouvent pas grâce à ses yeux, quoiqu’il fasse. 

Quand Trump boude le sommet du G20 en Afrique du Sud, qu’est-ce qu’il met en avant ? Une susceptibilité personnelle blessée par des propos « désobligeants » de Cyril Ramaphosa ? Officiellement, oui ! Mais en arrière-plan, il accuse le pouvoir Sud-Africain de couvrir « un génocide des Afrikaners ». Des accusations portées par Elon Musk, originaire du même pays, que l’épreuve des faits ne valide pas pourtant.

À propos de l’Ukraine, Trump a presque inversé la culpabilité. Est-ce innocent quand il humilie Zelensky à la face du monde, à la Maison Blanche, et réserve un accueil d’État à Poutine à Anchorage, pour n’en récolter qu’une déconvenue ? À Poutine, il excuse tout. À Zelensky, il ne laisse rien passer. Les Ukrainiens sont extraordinaires de courage, contraignant l’ogre russe à de petites victoires aux coûts humains exorbitants. Mais Trump n’a d’yeux que pour Poutine.

Il en va pareillement de son action au Proche-Orient, sa vraie réussite à ce stade. Que pense-t-il des Palestiniens ? Arrive-t-il à les voir autrement qu’à travers les œillères de Netanyahu, de Bezalel Smotrich et de Itamar Ben Gvir ? Voilà donc Trump, difficile à cerner. Mais en application d’une vieille sagesse africaine qui dit que le pied ne va pas où le cœur ne veut pas, on peut dresser le profil de ceux avec qui il aimerait échouer sur une ile !

Admiration pour Poutine

Il a une admiration pour Poutine, spécifiquement, qui ne cesse d’alimenter des suspicions. Les Ukrainiens en pâtissent sans que Trump soit payé en retour. L’annulation du sommet de Budapest en Hongrie sur la paix en Ukraine, courant octobre 2025, a été un choc. Trump croyait s’être mis d’accord avec Poutine, après un appel téléphonique de deux heures. Sergueï Lavrov lui répond qu’ « un cessez-le-feu immédiat en Ukraine ne signifierait qu’une seule chose : la majeure partie du pays resterait sous domination nazie ». Et Dimitri Peskov lui assène qu’il s’était emballé un peu trop vite. Qu’à la vérité, rien « n’avait été convenu ».

Déconfit, Trump avait dégainé un train de sanctions contre la Russie. Mais c’est plus fort que lui. Il n’attendra pas les premiers effets desdites sanctions pour revenir à la charge. Un nouveau plan de paix, presque aux conditions de Moscou. Dictées même par Moscou, insinuent les mauvaises langues. À Kiev, les Ukrainiens sont saisis d’effroi d’entendre Zelensky leur dire qu’ils pourraient être contraints de choisir entre  « perdre leur dignité ou perdre leur allié clé ».

Les Européens une fois de plus obligés à aller à l’abordage 

L’Europe, en pompier, au secours de l’Ukraine. À Genève, elle a fait des « améliorations » au plan, formule choisie pour ne pas heurter le susceptible Trump et l’a aussi aguiché en lui faisant miroiter que 50% des bénéfices de l’entreprise de reconstruction de l’Ukraine reviennent aux États-Unis. De l’extorsion de fonds, qui ne scandalise plus personne.

Pour obtenir le rabattement de 15% aux négociations des droits de douane, l’Europe, par exemple, avait dû payer 1 300 milliards d’investissements et d’achat d’hydrocarbures aux États-Unis. Avec Trump, c’est le business, d’abord. En Ukraine, avec la part du lion dans la reconstruction, les États-Unis ont changé de bouche pour reprendre un argot africain. Ils (re)admettent que le « futur accord de paix (…) devra pleinement respecter (la) souveraineté » de l’Ukraine. À Moscou, on s’en amuse presque. Pour mélanger la tête de Trump, Poutine sait quoi lui dire.

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