Contre La sansure

En Guinée, la politique, c’est de la conviction, des valeurs monnayées et de la médiocrité célébrée (Par Mamadou Kenda Sow)

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À l’origine, si la politique était un droit hégémonique que seuls les mieux nés exerçaient comme activité, avec l’évolution des temps, le changement des régimes et les us politiques, elle est devenue le terrain de prédilection où s’affrontent les élites sociales d’une nation, avec pour but de servir la nation et ses concitoyens, avec des approches différentes pour une fin commune, qui est le bien-être de la population.

En Guinée, si la politique était la sauce la plus consommée, il est malheureusement de constater qu’elle est devenue l’apanage des hommes fantoches, sans valeurs morales ni culture politique et démocratique, qui la prennent en otage.

Le lanterneau politique guinéen est devenu le terreau fertile où foisonnent, comme des champignons, des politicards sans véritable personnalité ni agenda politique, enveloppés sous des micro-partis qui n’existent que dans la bouche de leurs leaders conjoncturels, et aussi des hommes médiocres qui veulent souper à toutes les sauces.

En Guinée, être un homme conséquent, cohérent, et qui défend des valeurs politiques est un crime de lèse-majesté, m’en soit témoin Monénembo. Dans ce pays, être un homme de principe qui défend une cause commune et des valeurs démocratiques et un État de droit est un mal. Foniké Menguè et Cie me sont témoins.

Tout le monde est devenu, dans ce pays, par essence et par excellence, un politicien en attente d’un décret ou d’une nomination. Mais cette attente de nomination n’est pas passive, elle est vraiment active, car chacun est prêt à consentir les sacrifices nécessaires qui sont : se dédire, renier ses valeurs et ses convictions d’antan pour bénéficier de la grâce du pouvoir.

En Guinée, défendre des convictions et des valeurs ne dure que le temps qu’une glace fonde sous un soleil de plomb, car ici chacun agit au gré des vents et des intérêts, et ce fléau n’épargne aucune couche sociale du pays.

Même les derniers qui se prenaient pour des moralisateurs de la vie politique et des gardiens du temple sacré des valeurs et des convictions, sont devenus aujourd’hui la voix du pouvoir, et ils sont devenus ce qu’ils combattaient hier. Ils soupent avec ceux qu’ils se plaisaient à étiqueter comme des hommes vils, sans valeur ni convictions, et ils expliquent tout et justifient tout. Ils sont devenus comme des oiseaux de nuit qui ravalent ce qu’ils ont vomi, pourvu que la nécessité soit là.

En Guinée, lorsqu’il s’agit de politique, chacun a un talent pour satisfaire ses intérêts personnels, car elle est devenue une source de revenus intarissable. Ceux qui ont le diable du vert tympanisent et monopolisent les débats politiques avec des discours sans saveur ni valeur ajoutée, car ces discours ne visent qu’à encenser le maître du moment.

Ceux qui ont le secret de la plume dressent des tribunes dithyrambiques pour faire l’apologie du maître au bord. Et les autres, qui n’ont ni l’un ni l’autre, sont devenus des applaudisseurs au service du plus offrant, car ici, chacun veut tirer profit.

Si dans d’autres pays, le sommet de l’État est occupé par l’intelligentsia, ici, il est devenu le lieu de stage des médiocres catapultés à des postes dont ils ignorent la portée et le sens. Ce sont des hommes d’esprit de troisième ordre dont parle Machiavel dans son livre Le Prince, Chapitre XXII, page 102.

Au demeurant, il est vrai, comme le disait l’autre, ‘’la politique n’est pas une religion’’, ni même un métier, mais il est temps de donner à la politique guinéenne une lettre de noblesse en instaurant une compétition saine et équitable à travers un sursaut politique, pour faire la promotion du mérite et faire disparaître dans les méandres ces politicards et leur parti bâti sur du sable mouvant, pour laisser la politique aux mastodontes.

Par Sow Mamadou Kenda

Source: https://www.visionguinee.info/

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