Qui sont les 9 candidats en course pour la présidentielle en Guinée ?
Sur 51 candidats qui avaient déposé leur dossier de candidature pour la présidentielle du 28 décembre prochain en Guinée, seulement 9 ont été retenus par la Cour Suprême. Parmi ceux-ci, figure le président de la transition militaire, le général Mamadi Doumbouya.
Le 9 novembre dernier, la Cour suprême guinéenne a validé le dossier de 9 candidats à la présidentielle prévue le 28 décembre prochain, durant laquelle environ 6,7 millions d’électeurs seront appelés aux urnes sur une population estimée à plus de 14 millions d’habitants.
Mais qui sont ces 9 candidats retenus pour le scrutin qui va marquer le retour de la Guinée à l’ordre constitutionnel, après le coup d’Etat militaire du 5 septembre 2021 ? La BBC se propose de vous brosser leur portrait.
1-Abdoulaye Yéro Baldé (Front démocratique de Guinée – Frondeg)
Titulaire d’un MBA de la Columbia Business School, diplômé de la Sorbonne et de l’École des Ponts et Chaussées de Paris, Abdoulaye Yéro Baldé a été ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique de Guinée, de janvier 2016 à février 2020.
Cette fonction lui a permis de conduire d’importantes réformes du système universitaire et de renforcer la qualité de l’enseignement supérieur dans son pays.
Par cette même occasion, il s’est illustré par la modernisation des infrastructures universitaires, la révision des programmes académiques et le renforcement des partenariats avec des institutions nationales et internationales.
Auparavant, entre 1996 et 2002, Abdoulaye Yéro Baldé a travaillé comme économiste à la Banque mondiale, et participé à la conception de programmes macroéconomiques pour les pays en développement. Période durant laquelle, il a donné des cours d’économie à l’Université de Conakry.
Entre 2005 et 2010, Abdoulaye Yéro Baldé a occupé des postes de haut niveau chez Global Alumina à New York, puis à la Guinea Alumina Corporation (GAC) où il a encadré la structuration financière de la construction d’une raffinerie d’alumine à Sangarédi.
Par la suite, en tant que Premier Vice-Gouverneur de la Banque centrale de la République de Guinée, il a contribué, entre 2010 et 2015, à la conduite de la politique monétaire, à la régulation du secteur bancaire et au renforcement de la stabilité financière du pays.
Constant dans sa posture de défenseur de l’État de droit et de promoteur de la bonne gouvernance, il démissionne de son poste de ministre face au projet de troisième mandat du président Alpha Condé en 2020.
Entre 2017 et 2023, il a représenté la Guinée au Conseil d’administration de la Banque de Technologie des Nations Unies.
De 2022 à 2025, il a siégé au Conseil d’administration de la Société Générale de Banque de Guinée, et préside depuis septembre 2025, le Conseil d’administration de Coris Bank International Guinée.
2-Hadja Makalé Camara (Front pour l’Alliance nationale – FAN)
Mariée et mère de trois garçons, Makalé Camara est née le 11 août 1956 à Mamou.
Diplomate, juriste et leader de la société civile, elle s’est engagée au service du dialogue politique et de la promotion des femmes en Guinée.
Titulaire d’un master de l’Université de Conakry en 1980, Makalé Camara a suivi plusieurs formations au bureau international du travail (BIT) et à la direction du travail à Paris.
En 1984, elle a suivi une formation en Relations internationales et Gestion du développement pendant un an à American University à Washington, en qualité de boursière (Humphry Fellow).
Elle est nommée ministre de l’Agriculture, de l’Élevage et des Forêts, de 1994 à 1996.
Puis, de 2015 à 2017, elle est faite ministre des Affaires étrangères et des Guinéens de l’étranger.
Membre du comité de pilotage de la lutte contre les mutilations génitales, Makalé Camara est élue Présidente du Front pour l’Alliance Nationale (FAN), en mars 2020 et se présente à l’élection présidentielle du 18 Octobre 2020.
3-Ibrahima Abé Sylla (Nouvelle génération pour la République – NGR)
Né en 1951 dans la préfecture de Kindia, où il a effectué ses études primaires, Ibrahima Abe Sylla a fréquenté le lycée technique de Donka à Conakry.
Après l’obtention de son baccalauréat, il se rend en Côte d’Ivoire, où il s’inscrit à la faculté des sciences en section Mathématique et Physique en 1968 et obtient sa licence en 1970.
La même année, il rejoint les États-Unis où il s’inscrit à l’Université de Maryland pour des cours d’Ingénierie électrique (Electrical Engineering), puis à l’Université de Pennsylvanie.
Ibrahima Abe Sylla est titulaire d’une maitrise en électricité et électronique et d’un Master en ingénierie électrique et de plusieurs certificats en diplomatie, finance et administration politique.
Ibrahima Abé Sylla a commencé sa carrière professionnelle à la compagnie General Electric en qualité d’ingénieur en chef, entre 1975 et 1983. Il a été chercheur en télécommunication au Bells Laboratories (AT&T) à Whippany (New Jersey).
Depuis 1994, il est le président fondateur de AIS Engineering, une société de droit américain ayant son siège dans l’État de Maryland, puis de AIS International (AISI), une filiale de AIS Engineering créée en 2002.
Les deux sociétés interviennent dans les domaines des télécommunications, des mines et de l’énergie sur le plan international.
Du 4 novembre 2021 au 20 août 2022, il est ministre de l’Énergie, de l’Hydraulique et des Hydrocarbures au sein du gouvernement dirigé par Mohamed Béavogui.
En tant que président du parti de la Nouvelle génération pour la République (NGR), Ibrahima Abé Sylla était déjà candidat à l’élection présidentielle de 2010 durant laquelle il est sorti en sixième position sur vingt-quatre candidats, avec 3,23 % des voix.
En mars 2020, il est élu député à l’Assemblée nationale jusqu’à la dissolution de l’institution le 5 septembre 2021.
4-Abdoulaye Kourouma (Rassemblement pour la renaissance et le développement – RRD)
Né le 15 juillet 1983 à Nzérékoré en Guinée forestière, Abdoulaye Kourouma y a fait ses études primaire et secondaire.
Admis au baccalauréat, il est orienté à l’Université de Kankan où il obtient une licence en Sciences économiques.
En 2008, il obtient une bourse d’études en Sciences économiques de la République de Russie et obtient un Master en Études, suivi et évaluation de projets à l’Institut Supérieur d’ingénierie de Dakar, au Sénégal.
Co-fondateur du cabinet Global Consulting et fondateur et propriétaire de la société Global Transport, il est également le représentant de la société russe SALATINO en Afrique.
Il est président de l’Association Guinée-Corée pour le développement et aussi président de la société Guinée agro-commerce et vente des produits agricoles.
Il a été député à l’Assemblée nationale d’avril 2020 au 5 septembre 2021. Président du RRD, à la présidentielle de 2020, Abdoulaye Kourouma en est à sa deuxième candidature présidentielle.
5-Mohamed Nabé (Alliance pour le renouveau et le progrès – ARD)
Diplômé de la Sorbonne, de la London School of Economics et de l’INSEEC, Mohamed Nabé est un expert en stratégie d’entreprise.
Entre 1999 et 2003, il est formé aux Etats-Unis à la Suffolk University de Boston où il obtient un Bachelor of Science in Business Administration (BSBA) en Finance et Administration publique.
Durant cette période, il a présidé le Club des Etudiants de l’Union Africaine aux Etats-Unis.
De retour au pays, il devient en 2006 le Chef d’agence pour la Zone minière de Boké de la Société générale de Banque de Guinée.
En 2008, il a occupé le poste de directeur général du Fonds national pour l’Insertion des Jeunes.
En 2012, il est nommé directeur commercial chez Guinée Industries Ciments.
Entre 2018 et 2020, il continue sa formation et intègre l’IAE Paris-Sorbonne Business School où il obtient un Executive MBA en Management général et un MBA en Management stratégique.
Il obtient parallèlement un Master 2 en Economie et Gestion, et en Administration des Entreprises à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.
En 2019, il obtient un Certificat international en Management de l’Innovation à l’INSEEC University de San Francisco, puis un Certificat en Leadership de l’Institut Français de Gestion (IFG).
Mohamed Nabé a maintes fois été sollicité par l’Union africaine et l’Union européenne pour des missions d’observation électorale en Guinée équatoriale et au Nigéria, pour son expertise reconnue en processus électoraux.
6-Elhadj Bouna Keïta (Rassemblement pour une Guinée prospère – RGP)
Elhadj Bouna Keita est un entrepreneur et homme politique guinéen qui a bâti un empire dans les secteurs minier, immobilier et commercial avec son entreprise Batax Bouna International Mining, spécialisée dans le commerce des diamants.
Le fondateur et président du RGP avait tenté sa première chance à la présidentielle avec sa candidature en 1993.
Elhadj Bouna Keita était l’un des 24 candidats à l’élection présidentielle guinéenne en 2010, durant laquelle il a été éliminé au premier tour avec 0,08% des voix.
Le RGP fait partie des 44 partis qui avaient rejoint la coalition RPG-Arc-en-Ciel d’Alpha Condé.
En mars 2020, il participe aux élections législatives guinéennes et son parti obtient 0,95 % des suffrages. Ce qui lui permet de remporter un siège à la neuvième législature de Guinée.
7-Mohamed Chérif Tounkara (indépendant)
Né le 11 avril 1953 à Bo, en Sierra Leone, Mohamed Chérif Tounkara est un opérateur économique de profession.
Unique garçon d’une grande fratrie, il n’a pas suivi de longues études. Il fut d’abord conducteur de taxi pour soutenir sa famille, avant de rejoindre sa mère dans le commerce des tissus.
Par la suite, après avoir rassemblé un grand capital, il investit dans la vente de diamants où il s’active pendant une quarantaine d’années.
Ce secteur d’activités le mène en Éthiopie, au Kenya, à Madagascar, en République démocratique du Congo (RDC), en Zambie, en Tanzanie, en Afrique du Sud, au Mozambique, puis à Hong Kong, en Chine et à Bankok.
Il s’installe avec sa famille à Paris et étend ses activités en Amérique.
Élu député de 2020 à 2021 lors de la dernière législature de mars 2020, il a été membre de la commission Mines et industrie, sous la présidence Alpha Condé.
8-Faya Lansana Millimono, Bloc Libéral
Né le 25 novembre 1962 à Guéckédou en Guinée Forestière, dans le sud de la Guinée, Faya Lansana Millimono est un enseignant de formation.
Enseignant chercheur de l’Ecole normale supérieure de Manéah depuis 1987, il a parallèlement participé à la formation des directeurs d’école secondaires, des directeurs préfectoraux et des inspecteurs régionaux de l’éducation.
En 1993, il est récipiendaire d’une bourse d’excellence de la Francophonie offerte par le gouvernement canadien. Ce qui lui a permis de préparer et de soutenir sa maîtrise et son doctorat en Administration de l’éducation à l’Université de Montréal.
Il a travaillé comme Consultant en éducation à la Banque Mondiale et a été gestionnaire des pensions à l’Université de Georgetown aux Etats Unis.
C’est en 1991 qu’il entame sa carrière politique avec l’autorisation du Parti guinéen du progrès (PGP) d’Abdoulaye Portos Diallo, dans le cadre du multipartisme.
En 2008, après une longue période de rupture, il fait un retour en politique dans l’opposition, avec la Nouvelle génération pour la République (NGR).
En 2013, il quitte cette formation politique et crée son propre parti, le Bloc libéral (BL) et se propose de « changer le système » politique en Guinée qu’il qualifie de « régime présidentialiste à outrance ».
Leader du Bloc libéral, il est surtout connu pour ses critiques violentes contre la junte au pouvoir.
9-Mamadi Doumbouya (indépendant)
Né le 5 décembre 1984 à Banankoroda, dans la ville de Kankan, Mamadi Doumbouya est l’actuel président de la transition militaire en Guinée.
Légionnaire de l’armée française, il est affecté à Nîmes où il termine son contrat en 2009 au grade de caporal.
En 2012, il revient au pays pour servir dans l’armée guinéenne. Envoyé en stage à l’École de guerre en France, il est titulaire d’un brevet français d’études supérieures militaires et d’un master de défense de l’université Paris-Panthéon-Assas.
Mamadi Doumbouya est aussi titulaire d’un diplôme de Saumur dans le cadre de la coopération entre la France et les États africains partenaires pour la formation de gradés.
Il a subi plusieurs formations militaires au Sénégal, au Gabon et en Israël et participé à des missions et opérations à l’École de guerre en France, en Afghanistan, en Côte d’Ivoire, à Djibouti, en République centrafricaine, en Israël, à Chypre et au Royaume-Uni.
En 2018, les choses s’emballent pour Doumbouya qui est nommé commandant du Groupement des forces spéciales de l’armée guinéenne.
En 2020, il obtient le grade de colonel et conduit en 2021 un coup d’État contre le président Alpha Condé.
Il devient le président du Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD) et président de la Transition en Guinée.
Accusé de la disparition de Foniké Menguè, militant des Droits de l’homme et du journaliste Habib Marouane Camara, le général Mamadi Doumbouya est candidat indépendant à la présidentielle où il s’est présenté sous la bannière « Bâtir Ensemble ».
Par Mamadou Faye
Journaliste-BBC Afrique
Reporting from,Dakar