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RDC : l’ONU salue la médiation américaine et rappelle que seule « la paix sur le terrain » compte

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Alors que les dirigeants du Rwanda et de la République démocratique du Congo étaient attendus jeudi à Washington pour des discussions de paix sous l’égide du président Donald Trump, l’ONU a salué l’initiative américaine, tout en reconnaissant qu’elle n’y est « pas directement associée ».

Interrogé à New York, le porte-parole de l’organisation, Stéphane Dujarric, s’est dit encouragé par « l’engagement constant » de Washington sur le dossier congolais. « Nous saluons cette évolution positive vers la paix et la stabilité dans la région des Grands Lacs », a-t-il déclaré, avant de préciser : « Il ne s’agit pas d’un accord auquel nous sommes directement associés ».

Une crise réactivée par l’offensive du M23

N Photo/Rick Bajornas Stéphane Dujarric, porte-parole du Secrétaire général de l’ONU, lors du point de presse de midi, à New York.

Début 2025, l’offensive des rebelles du M23 dans l’est de la RDC a ravivé un conflit enraciné dans les guerres du Congo des années 1990.

En quelques mois, le groupe armé se réclamant de la défense des Tutsis congolais et soutenu, selon l’ONU, par l’armée rwandaise – ce que Kigali dément – a pris le contrôle de larges pans des provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, y compris les deux principales métropoles régionales, Goma et Bukavu.

Les affrontements meurtriers avec l’armée congolaise ont contraint des centaines de milliers de civils à fuir, aggravant une crise humanitaire déjà nourrie par près de trois décennies d’instabilité.

Une mosaïque de groupes armés

Riche en or, en coltan – un minerai essentiel à la fabrication des batteries et téléphones portables – et en tensions communautaires, l’est congolais est ravagé par une constellation de groupes armés parfois instrumentalisés par les États voisins.

Outre le M23, les Forces démocratiques alliées (ADF), milice d’origine ougandaise affiliée à Daech, ont mené le mois dernier de nouveaux massacres dans le Nord-Kivu. Dans l’Ituri voisine, les milices CODECO, issues de la communauté lendu, poursuivent leurs attaques, tandis que les groupes d’autodéfense Wazalendo, alliés au gouvernement de Kinshasa, multiplient eux aussi les exactions.

Malgré la présence de 14 000 Casques bleus de la MONUSCO, la mission de maintien de la paix onusienne, ces dynamiques s’enracinent dans un terreau d’impunité et d’ingérences régionales persistantes.

Des familles déplacées du camp de Bulengo, à la périphérie de Goma, après la prise de la ville, en janvier 2025, par les rebelles du M23.
© WFP/Michael Castofas. Des familles déplacées du camp de Bulengo, à la périphérie de Goma, après la prise de la ville, en janvier 2025, par les rebelles du M23.

 

La diplomatie à l’épreuve des faits

Deux initiatives récentes avaient pourtant ravivé l’espoir d’une désescalade : la signature, le 27 juin à Washington, d’un cessez-le-feu entre Kinshasa et Kigali, suivie d’une déclaration de principes, le 19 juillet à Doha, entre le gouvernement congolais et le M23. Mais aucune n’a, pour l’heure, suffi à faire taire les armes.

C’est cette impasse militaire que la Maison Blanche cherche désormais à briser. Jeudi, les présidents congolais, Félix Tshisekedi, et rwandais, Paul Kagame, étaient attendus autour de la même table pour définir une nouvelle feuille de route. Une rencontre que l’ONU observe de près, elle qui demeure depuis plus de 20 ans l’un des piliers de la stabilisation du Kivu.

« Nous continuerons d’appuyer tous les efforts visant à instaurer une paix durable en RDC et dans l’ensemble de la région, notamment à travers l’appui de notre mission de maintien de la paix à la mise en œuvre des engagements pris dans le cadre des processus de Washington et de Doha », a affirmé Stéphane Dujarric devant les journalistes.

Médiation africaine et impact réel

Aux côtés de MM. Tshisekedi et Kagame, le porte-parole a insisté sur la présence dans la capitale américaine de plusieurs dirigeants régionaux, notamment le médiateur désigné de l’Union africaine, le président Faure Gnassingbé du Togo, ainsi que l’État du Qatar, afin d’assurer « la coordination et la complémentarité entre toutes les initiatives de paix ».

À la question de savoir si l’ONU aurait dû être davantage consultée, M. Dujarric a évité toute critique : « Chaque accord, chaque initiative de paix repose sur des configurations différentes. Ce qui importe, c’est qu’il y ait réellement la paix sur le terrain ».

Or, dans l’est congolais, rien ne laisse entrevoir pour l’instant une accalmie durable. Sur les collines du Kivu, les lignes de front restent mouvantes, les civils continuent de fuir, et les promesses diplomatiques peinent à rattraper le rythme de la guerre.

Auteur: https://news.un.org/fr/story/2025/12/1158012

Image de la UNE: Le président américain Donald Trump, le président rwandais Paul Kagame, et le président congolais Félix Tshisekedi (de gauche à droite), après avoir paraphé un accord de paix à Washington, le 4 décembre 2025. AFP – ANDREW CABALLERO-REYNOLDS

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