En Guinée, la campagne pour l’élection présidentielle du 28 décembre se poursuit. Une campagne marquée par l’absence des poids lourds de la politique, comme Cellou Dalein Diallo et Sidya Touré, tous deux en exil et exclus du scrutin par la nouvelle Constitution voulue par les militaires au pouvoir.
Neuf candidats sont en lice, dont le président de la transition militaire, le général Mamadi Doumbouya, qui s’est présenté, en dépit de ses promesses après le putsch de 2021.
Depuis une semaine, chacun tente de séduire les électeurs, même si la victoire du chef des militaires au pouvoir semble s’imposer par avance.
Makalé Camara, la voix féminine du scrutin
Parmi les neuf candidats, une seule femme : Makalé Camara. Présidente du Front pour l’alliance nationale et ancienne ministre des Affaires étrangères, elle avait déjà tenté sa chance à l’époque de l’ancien président Alpha Condé.
Cette fois, elle met l’accent sur la paix, la cohésion sociale et l’unité nationale. Makalé Camara veut combattre le repli identitaire et l’extrémisme, pour que les richesses du pays profitent à la Guinée et aux Guinéens.
Pour y parvenir, elle a adopté une stratégie : « C’est de faire l’immersion au sein du peuple, surtout avec les femmes, dans les marchés, dans les ports, partout où je peux trouver les femmes. Partout où je peux trouver les jeunes. Je suis dans ma voiture, comme ça, en train d’aller dans la zone minière de Boké pour parler aux populations. J’ai touché au monde estudiantin, au monde féminin, au monde paysan. Il faut faire du corps-à-corps, il faut faire du porte-à-porte. »
Des programmes pour contrer Doumbouya
Même si cette élection semble sans enjeux, en raison de l’exclusion des grandes figures politiques, Abdoulaye Yéro Baldé, ex-ministre de l’Enseignement supérieur d’Alpha Condé, candidat à ce scrutin, voit en cette élection une occasion pour les Guinéens de barrer la route au président de la transition qui dirige le pays depuis sa prise de pouvoir par la force.
Il compte sur son programme avec des priorités claires : l’éducation, notamment celle des jeunes filles, et la création d’emplois pour la jeunesse.
« Si on veut créer assez d’emplois, il faut que nos jeunes femmes soient bien formées dans les métiers existants, mais également dans les métiers d’avenir et pour pouvoir faciliter leur intégration dans le système économique.Plus de 70 % des jeunes ont moins de 35 ans. Donc c’est à la fois une opportunité, mais aussi une bombe à retardement si on ne crée pas suffisamment d’emplois pour les absorber sur le marché du travail et aussi freiner l’immigration illégale », explique le candidat.
Abdoulaye Yéro Baldé, s’est illustré en 2020 en démissionnant pour dire non au troisième mandat de l’ancien président Alpha Condé. Une décision qui lui vaut aujourd’hui une réputation d’homme de principe.
Un bilan mis en avant par les militaires
Quant au chef des militaires au pouvoir, le général Mamadi Doumbouya, son camp affiche sans surprise une grande confiance. Keamou Bogola Haba, ministre des Sports et membre du directoire de sa campagne, met en avant, selon lui, un bilan sans faute.
« Quatre ans de bilan positif. En termes de sécurité et sur le plan économique et en termes de leadership. Et donc en termes de stabilité. Donc, pour moi, c’est plutôt bien parti. »
La période de transition militaire en cours a toutefois été marquée par la disparition de plusieurs voix critiques des militaires, ou de leurs proches, et par la fermeture des grands médias audiovisuels privés du pays.
Nafissa Amadou
Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welle
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