La transition est en panne, le pays est bloqué
Un gouvernement qui navigue à vue, son Conseil national de transition (CNT), qui fait office de parlement provisoire, qui se cherche et l’organe directeur du pays, le CNRD, qui reste sourd aux différentes propositions permettant un retour normal à l’ordre constitutionnel. Pour un observateur, « cette transition est en panne, le pays est bloqué ».
Avis partagé par Dr Edouard Zotomou Kpogomou, Président du parti UDRP (Union démocratique pour le renouveau et le progrès) et vice-président de l’ANAD (Alliance nationale pour l’alternance et la démocratie) dirigée par Cellou Dalein Diallo, qui estime que « la transition est en train de boiter. Chaque groupe est complètement retranché dans son camp. Pourtant, nous devons être dans une même disposition pour pouvoir travailler tous ensemble. Nous n’avons aucune lecture en ce qui concerne le chronogramme de la transition. Nous avons entrepris tellement de programmes à la fois que nous nous demandons si nous pouvons effectivement s’en sortir« .
Pour lui, le délai de 36 mois accordé illégalement par le CNT « n’est pas acceptable. Même la CEDEAO est contre les 36 mois de transition. Ce délai a déjà été balayé d’un revers de main par l’institution. Et nous sommes confortés par cette position des chefs d’Etat de la sous-région ouest-africaine. Comme nous, ils ont demandé la mise en place d’un cadre de dialogue inclusif. Ils ont aussi demandé à ce qu’on ait un médiateur. Il faut quelqu’un pour mettre les uns et les autres à leur place’’,
De son côté, Saïkou Yaya Barry, ancien député UFR et Secrétaire exécutif de ce parti dirigé par l’ancien premier ministre Sidya Touré, Colonel Mamadi Doumbouya devrait savoir que « ceux qui ne vous aiment pas sont ceux qui sont en train de créer des mouvements de soutien par-ci par-là pour que la transition réussisse, pour qu’elle soit la dernière« .
Se demandant « comment cette transition peut être la dernière si on ne discute pas« , l’ex député de l’UFR invite le Colonel Doumbouya a réaliser que « de petits escrocs et businessmen de la crise sont en train de vous induire en erreur. Ils vous demandent de l’argent pour les aider à exister parce que vous avez la Banque centrale« , il souligne qu’il a « entendu un des membres du CNRD, parce que c’est cela, demander à des jeunes : ‘vous vous battez pendant 11 ans, qu’est-ce que vous avez gagné ? Qu’est-ce que vous avez reçu ?« .
Invitant le Colonel Doumbouya à se rappeler des soutiens que le CNRD a obtenus pour sa prise du pouvoir, l’ex parlementaire demande au tombeur d’Alpha Condé de noter que « c’est parce que ces jeunes se sont battus, il y a eu des morts d’hommes, des sacrifices humains. C’est la raison pour laquelle si vous ne faites pas ce que veulent ces morts, parce que le sang est versé, je jure que la malédiction va s’abattre sur vous« .
Poursuivant, Saïkou Yaya Barry, insiste : « ce sont des gens qui se sont battus honnêtement pour qu’il y ait un changement dans ce pays, pour qu’il y ait la démocratie et l’Etat de droit. Mais si vous voulez que ceux qui se promènent à l’étranger viennent profiter de la transition, pour se donner de la place, cela ne marchera pas. C‘est un conseil d’ami que je vous donne parce que je vous aime. Pour votre intérêt, revenez à la raison. Le CNRD, revenez à la raison. Donnez-nous votre liste« .
Colonel Doumbouya entendra-t-il cet appel ? « En tout cas, selon un commentateur, la manifestation du 23 juin prochain peut être évitée si les nouvelles autorités entendent raison. Elles devraient ouvrir des négociations avec le G58, le RPG a-e-c et les forces sociales, dont le FNDC. Aujourd’hui, nous avons deux clans principaux. Le CNRD et ses soutiens dont le FTA des Kouyaté, Faya Millimono, Ousmane Kaba etc., le FNDT de Bogola, le Comité de soutien de Dansa Kourouma. De l’autre, le G58, le RPG a-e-c et les forces sociales, notamment le FNDC. Ces deux camps peuvent s’assoir ensemble pour trouver les solutions pouvant débloquer la situation et faire redémarrer le camion guinéen« .